Commencé en 2017 à Lhassa, la capitale du Tibet, le data center vient de terminer la première de ses trois phases de construction d’après une dépêche du 7 juin de l’agence de presse gouvernementale Xinhua. L’entreprise américaine Cloudflare veut ouvrir 150 data centers en Chine pour faciliter l’accès à son marché, Ningsuan Technologies, à l’origine du projet au Tibet, souhaite rapprocher Chine et l’Asie du Sud.

Le choix stratégique du Tibet

Pour décrire le futur data center de Nangsuan Technologies il ne faut pas être avare en superlatifs. Avec 645 000m² il sera l’un des plus vastes du monde. Il sera, quoi qu’il arrive, le plus haut perché, installé sur le plateau de Lhassa qui culmine à 3000 mètres d’altitude. Au total le projet doit coûter 12 milliards de yuans, environ 1,5 milliard d’euros.

Le choix de Lhassa en 2017 ne tient pas au hasard. Contrairement à beaucoup de régions chinoises, le Tibet présente un avantage technique considérable, son climat. Les basses températures en altitude permettent de réaliser des économies considérables en énergie, les serveurs nécessitant moins de climatisation.

D’un point de vue politique et stratégique, depuis les graves troubles connus par la région au début des années 2010, Pékin surveille et contrôle très fermement le Tibet. En parallèle des investissements sont réalisés dans la région, notamment pour l’initiative Belt and Road, les nouvelles routes de la soie. Pékin a fait de la région le point de contact vers les pays d’Asie du Sud tels que l’Inde, le Népal, le Bangladesh. Pour Hu Xiao, directeur général de Ningsuan Technologies interrogé par le Global Times, un journal proche du pouvoir chinois, « Un data center pour le cloud est comme une ambassade de données offshore pour les entreprises chinoises et leurs homologues en Asie du Sud ».

Le data center de Ningsuan Technologies pourrait très vite se rentabiliser

Le projet doit être définitivement achevé fin 2026 selon Hu Xiao. Ce dernier a expliqué que la construction avait pris du retard à cause de la crise sanitaire, « nos employés locaux au Népal et au Bangladesh sont toujours bloqués chez eux par le verrouillage de COVID-19 et leurs contacts commerciaux avec des clients potentiels ont presque gelé ».

Ningsuan Technologies a déjà signé un contrat avec le géant de l’e-commerce chinois Alibaba en 2018. Ce dernier doit y déployer ses activités pour le cloud au Tibet et pourquoi pas dans les pays voisin. Au dernier trimestre 2019, le marché du cloud chinois a généré 2,9 milliards d’euros, de quoi faire saliver le directeur général de Ningsuan. Il estime que son data center rapportera 10 milliards de yuans par an (1,2 milliard d’euros) une fois terminé. Si tout se passe bien, l’investissement de départ sera très rapidement amorti.