Au pic du confinement dû au Covid-19, l’activité de Careem a chuté de plus de 80%. Une baisse importante qui, pourtant, est loin de décourager la super-application qui fait fureur au Moyen-Orient. Dans une récente interview accordée à CNBC, Mudassir Sheikha, PDG de l’entreprise, a même estimé que cette crise mondiale serait, à moyen-terme, l’un des facteurs clé qui permettra à la firme d’accélérer l’expansion de ses services.

Careem subit de plein fouet l’impact négatif du Covid-19…

Rachetée par Uber en 2019, Careem est une entreprise fondée en 2012 qui a d’abord fait ses armes en proposant des services de co-voiturage. Depuis, son succès n’a cessé de s’étendre dans les pays du Moyen-Orient, d’Asie du Sud ainsi que dans certaines régions d’Afrique, et ses secteurs d’activité se sont largement diversifiés ces dernières années : livraison de colis et de produits, paiement, location de vélos, VTC… Autant de services centralisés en un seul endroit qui font de Careem une « super-application ».

Malgré tout, Careem n’a pas échappé à la pandémie mondiale de Covid-19. Au pic du confinement, l’entreprise a même enregistré une baisse d’activité de plus de 80%, ce qui l’a obligée à réduire ses effectifs de 31%. Pourtant, Mudassir Sheikha, PDG de l’entreprise, voit en cette crise mondiale l’occasion d’accélérer l’expansion de ses services. En effet, selon lui, le confinement a créé une « nouvelle normalité » qui ouvre pléthore de nouvelles opportunités.

… Mais se tourne déjà vers un avenir plus radieux

Lors de son interview, le PDG a notamment expliqué que « cette crise accélère la croissance des plateformes numériques« . Un constat que de nombreuses autres entreprises peuvent partager. On retiendra notamment les exemples des applications de santé mentale dont les téléchargements ont explosé aux États-Unis, les revenus de NVIDIA qui ont augmenté de 39%, Activision Blizzard et Electronic Arts qui battent des records, ou encore Microsoft qui a vu la demande de ses services cloud exploser de 775% lors du confinement.

Cette accélération soudaine, selon Mudassir Sheikha, est due au fait que « beaucoup de personnes qui voulaient faire des choses dans le monde réel pendant le confinement, ont été obligées de les faire en ligne« . Pour appuyer son propos, il reprend l’exemple de sa mère qui « n’avait jamais utilisé d’application, mais qui a été forcée de le faire pendant le confinement, notamment pour se faire livrer des courses alimentaires« .

C’est justement dans ce changement d’habitudes imposé, soudain et commun à tous, que le PDG de Careem voit une opportunité de faire de son entreprise une « plateforme numérique plus forte« . Une décision qui est également et sûrement encouragée par les bons résultats enregistrés par certains des services de Careem.

En effet, si les activités liées au transport d’usagers ont considérablement chuté, d’autres, ont vu leur utilisation exploser. C’est le cas notamment pour la livraison de repas à domicile, la livraison de produits provenant de magasins et de pharmacies locales, ou encore pour Careem Pay, le service de paiement de l’application. Mudassir Sheikha conclut ainsi :

« Tout à coup, le business hors ligne a migré vers le business numérique, ce que nous pensions se produire dans trois ou quatre ans va finalement sûrement arriver dans les six mois ou dans l’année à venir. Nous pensons qu’il est temps de réaliser dès à présent des plans que nous avions prévus pour l’année prochaine ou même l’année d’encore après. Nous voulons nous assurer d’être là pour aider les gens à traverser cette transformation.« 

À travers ce témoignage, on comprend que Careem a un genou à terre, mais est loin d’être abattu. La Super-App compte bien tourner la situation à son avantage en saisissant toutes les nouvelles opportunités créées par le Covid-19 et le confinement. Une vision qui sera sûrement profitable à Uber qui a enregistré 3 milliards de pertes dues au coronavirus et qui a récemment dû licencier 600 employés en Inde.