Se basant sur le fait que les personnes ayant été contaminées par le Covid-19 ont ensuite développé des anticorps l’Estonie se fie au passeport d’immunité numérique pour assurer le retour au travail. Pour cela, certains établissements estoniens ont déjà lancé leurs premier tests. Selon la révélation de Reuters le 20 mai 2020, ceci serait une grande première. Aucun pays auparavant n’a jamais testé ce genre de dispositif. C’est pourquoi le monde voudrait d’abord connaitre en quoi consiste ce « laissez-passer » et quelle serait la position des responsables sanitaires mondiaux face à cela, notamment l’OMS. Il s’agit, en quelque sorte, de l’une des réponses du digital face à la pandémie.

En quoi consiste le passeport d’immunité numérique ?

Le passeport d’immunité numérique est un dispositif développé par l’association des fondateurs de start-ups tels que Transferwise et Bolt. Il s’agit donc d’un document officiel obtenu à partir des tests sérologiques. Ce document certifie après le résultat du test que le demandeur était porteur du Covid-19 et qu’il développe réellement des anticorps. Selon ce modèle estonien, l’utilisateur pourrait partager avec un tiers le résultat de son test grâce à un code QR temporaire, obtenu à partir d’une authentification numérique. Ce document certifie alors que la personne testée ne pourra pas contracter de nouveau le virus.

Les concepteurs ont souhaité controverser le confinement. Le passeport intervient ainsi pour donner à tous les citoyens du monde l’opportunité de vivre normalement, et de faire face efficacement à la pandémie. Toutes personnes munies de ce dispositif pourraient retourner au travail sans inquiétude.

Pour l’Estonie, le lancement de ce laissez-passer numérique pourrait être réalisé sans problème puisque chacun de ses citoyens dispose déjà d’une carte d’identité numérique. La mise en place de ce test devrait donc se poursuivre facilement grâce à cette numérisation de l’état civil.

Passeport d’immunité numérique, un laissez-passer largement critiqué

Jusqu’à présent, aucune preuve ne démontre réellement que le coronavirus ne pourrait pas franchir de nouveau le système immunitaire des anciennes victimes. C’est pourquoi, l’avis sur le passeport d’immunité numérique divise la communauté internationale. La France et la Haute autorité de santé (HAS) émettent des réserves concernant ce dispositif. Le problème serait que les résultats des tests sérologiques pourraient être corrompus.

D’autres virus en circulation, notamment le rhume, pourraient altérer ces derniers. Il est tout à fait possible que l’ancien contaminé développe des anticorps, mais ceux-ci sont seulement des anticorps pour le virus du rhume et non pour le Covid-19. C’est en tout cas ce qu’avance la professeure adjointe au Center for Global Health Science and Security de l’université de Georgetown aux États-Unis, Claire Standley lors de son intervention sur France 24.

Lors de son allocution, les responsables de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mettent également en garde le monde contre le lancement de ce dispositif. Sur un communiqué publié le 24 avril 2020, l’OMS a affirmé que ce document pourrait être la cause d’une nouvelle vague de contamination. Sans un résultat scientifique certifié, le retour au travail augmenterait les risques de contamination.

En tout cas, même dans les pires scénarios, la prise de risque de l’Estonie constitue une volonté sans failles pour relancer son économie.