Singapour fait partie des premiers États à avoir lancé une application de suivi pour lutter contre le Covid-19. Un programme développé entièrement par le gouvernement, basé sur le volontariat et l’anonymat, baptisé TraceTogether. Au fil des semaines, on s’aperçoit l’application de traçage se transforme plutôt en outil de surveillance de masse

TraceTogether n’a pas eu le succès attendu à Singapour

Tout ne s’est pas déroulé comme prévu à Singapour. Le gouvernement de la cité-État avait tout misé sur la discipline de ses habitants. Habitués des nouvelles technologies, de nombreux experts pensaient que les singapouriens adopteraient largement cette application de suivi. Pourtant, à peine 20% de la population a joué le jeu. Tout juste un million de volontaires sur les 5,6 millions d’habitants. Le gouvernement espérait un taux de participation aux alentours des 60%.

En parallèle de ce premier échec, la cité-État a vu le nombre de contaminations exploser en quelques semaines sur son territoire. Un confinement partiel est donc décrété à partir du 6 avril. La promiscuité de certains singapouriens dans les lieux d’habitation a pu alimenter la propagation du virus. Enfin, le gouvernement de Singapour découvre finalement que de nombreuses personnes âgées n’ont pas de smartphone et qu’elles ne peuvent donc pas utiliser l’application TraceTogether.

Un basculement progressif vers des mesures de surveillance

Bref, malgré l’instauration d’une application de suivi et des mesures de confinement, la pandémie bat son plein à Singapour et le gouvernement ne sait plus quoi faire. Le 21 avril, Lee Hsien Loong, Premier ministre de Singapour décide d’aller plus loin et d’insister avec son application de traçage : « nous devons utiliser pleinement la technologie pour retracer le parcours des personnes infectées par le virus ». Un haut responsable de la santé du pays vient de demander que TraceTogether devienne obligatoire.

À côté de TraceTogether, le gouvernement oblige les singapouriens à s’enregistrer dès lors qu’ils pénètrent dans un bâtiment public. Un système de QR code baptisé SafeEntry, un peu comme à Moscou ou à Hangzhou, oblige les singapouriens à s’identifier avec leur smartphone quand ils entrent ou qu’ils sortent d’un bâtiment public. Une mesure qui sera étendue aux centres commerciaux et aux entreprises à partir du 12 mai. Grâce aux QR codes, le système central de Singapour a accès à toutes les coordonnées des habitants qui s’enregistrent.

On sent bien qu’au fil des semaines, les mesures sont de plus en plus sécuritaires dans la cité-État. En France, la Quadrature du Net s’inquiète d’un tel phénomène et doute de l’efficacité d’une telle application en mentionnant justement l’exemple singapourien. L’association n’est pas la seule à s’inquiéter : à la fin du mois d’avril, une centaine d’experts en sécurité informatique français ont donné l’alerte dans une lettre ouverte. Ils estiment que StopCovid peut ouvrir la porte à une surveillance de la population.