Dans une grande enquête publiée le 1er avril par Bloomberg, les data centers de Google sont pointés du doigt pour leur consommation d’eau aux États-Unis. Mountain View vante depuis plusieurs années ses efforts pour réduire l’impact en CO2 de ses data centers, mais ce n’est pas la seule conséquence qu’ont les centres sur leur environnement.

En 2019, les data centers de Google dans trois États ont consommé 2,3 milliards de gallons d’eau

Google a fait de réels efforts pour réduire l’impact carbone de ses 21 data centers disséminés dans le monde (aucun en France), avec un certain succès. Malheureusement ces centres consomment bien d’autres ressources, dont l’eau nécessaire pour les refroidir. Une ressource menacée par les sécheresses à répétition provoquées en grande part par le réchauffement climatique.

Mountain View garde pour lui les détails de la consommation en eau de ses centres, arguant le secret industriel. Grâce à différentes batailles juridiques, Bloomberg a pu déterminer qu’en 2019 Google avait consommé 2,3 milliards de gallons d’eau dans trois États des États-Unis.

L’entreprise dispose de 13 data centers aux États-Unis. Dans son enquête Bloomberg a pu mettre le doigt sur plusieurs sites, ou futurs sites, problématiques. Google compte investir 10 milliards de dollars dans ses bureaux et centres aux États-Unis en 2020.

L’un des problèmes relevés par Bloomberg est d’abord l’hypocrisie des pouvoirs locaux. Ils demandent d’un côté à la population, aux entreprises locales, d’être responsable dans leur consommation et de l’autre autorisent des data centers voraces.

Deux poids, deux mesures

À Red Oaks au Texas, le pouvoir local somme les citoyens de réduire leur consommation, mais permettent à Google de consommer 1,46 milliard de gallons d’eau d’ici a 2021 pour un nouveau centre. Même problème à Mesa, en Arizona. Google a obtenu la garantie d’obtenir 1 à 4 millions de gallons d’eau quotidiennement d’ici 2021 pour un data center situé dans une zone très sèche.

La ville assure que c’est tout à fait gérable, mais incite par ailleurs les grandes exploitations à respecter leurs quotas sous-peine d’amende. Même sentiment de deux poids, deux mesures, en Caroline du Sud. Google avait obtenu le droit de puiser quotidiennement 1,5 million de gallons dans la nappe phréatique locale. Trois fois plus que la limite autorisée. Une entreprise publique locale avait, elle, dû baisser leurs prélèvements de 57%.

Un deal avait été trouvé avec une association de préservation de l’environnement, les ressources de la nappe ne seront puisées qu’en dernier ressort. Quand il est possible de faire autrement, Google se montre de bonne volonté.

Des efforts à noter

En 2012, la firme de Mountain View a réalisé que pour refroidir son data center à la sortie d’Atlanta, l’eau n’avait pas besoin d’être potable. Depuis de l’eau recyclée est utilisée. Une méthode qu’il n’est pas forcément possible de décliner dans l’ensemble de ses centres. Ces dernières années, elle tente également de réutiliser plusieurs fois l’eau.

L’entreprise a été confrontée à un choix cornélien, privilégier les économies d’eau ou d’énergie. « Si la consommation d’eau diminue, la consommation d’énergie augmente et vice versa », a expliqué à Bloomberg Otto Van Geet, ingénieur au Laboratoire américain des énergies renouvelables.

Cela s’explique par la technique de refroidissement utilisée par Google. L’eau est évaporée pour refroidir l’atmosphère dans le centre. Une technique économe en énergie, mais consommatrice en eau. Un choix a été fait, le faible prix de l’eau a joué. C’est toutefois, un critère que devra prendre en compte l’entreprise pour ses nouveaux centres, au risque que ses efforts pour limiter sa consommation de CO2 soient perçus essentiellement comme du greenwashing.