C’est désormais officiel, le fabricant de matériel d’impression dédié aux entreprises, Xerox a renoncé le 31 mars à racheter le leader mondial de l’impression HP. L’opération, qui visait à supporter le déclin que connait le secteur, a été interrompue à cause du Covid-19.

Une première offre de 35 milliards de dollars ramenée à 31 milliards pour cause de Covid-19

Il aura donc fallu le coronavirus pour dissuader Xerox de racheter HP. Le 2 mars une OPA avait été lancée représentant 35 milliards de dollars en liquidités et actions. Une somme ramenée à 31 milliards quand la pandémie a commencé à affecter les marchés. Puis Xerox a annoncé se concentrer sur la gestion de la crise provoquée par le Covid-19 il y a deux semaines avant de définitivement renoncer le 31 mars.

Il faut dire que la crise a durement affecté Xerox. En un mois sa capitalisation boursière a baissé de moitié à 4 milliards de dollars. Reprendre HP, au chiffre d’affaires cinq fois plus important et à la taille trois fois plus représentait déjà un défi, mais le leader de l’impression a réussi a limité la casse, sa valeur boursière tombant à 25 milliards, légèrement sous sa valeur au moment de l’offre.

Une fusion intéressante

L’idée de fusionner les deux entreprises n’avait rien d’absurde. Elles travaillent dans un secteur proche, les grandes imprimantes pour entreprises du côté de Xerox, les PC, imprimantes de bureaux et fournitures pour HP. Elles occupent toutes deux une excellente place sur leurs marchés respectifs. Xerox a estimé qu’une fusion permettrait de faire 2 milliards de dollars d’économies annuelles.

Le déclin du secteur de l’impression à l’ère de la numérisation n’est pas compensé par les innovations que sont les imprimantes 3D. Ce constat est partagé par les deux entreprises aussi ont-elles entamés des discussions avec en vue un rapprochement. La révélation de ces discussions en novembre 2019 a changé la donne.

Xerox a voulu racheté HP avec l’aide des liquidités de sa coentreprise Fujifilm, le soutien du plus grand actionnaire de l’entreprise avec 11% des parts, également détenteur de 4% de HP et un endettement de 24 milliards de dollars. La faible dette à long terme de HP devant aider à obtenir des garanties de prêt.

HP freinait des quatre fers

De son côté HP s’est montré plus que réticent. L’offre a été jugée insuffisante, trop risquée du point de vue de l’endettement et les économies estimées trop faibles. L’entreprise a lancé sa propre offre de rachat d’actions à 15 milliards.

Xerox ne voulant rien lâcher, l’entreprise travaillait en sous-main pour remplacer le Conseil d’Administration de HP par ses propres candidats lors de la réunion annuelle des actionnaires. La semaine passée la réunion a été programmée au 12 mai. Un délai insuffisant pour courtiser les actionnaires en période de distanciation sociale et pour retrouver des couleurs sur les marchés.

Le coronavirus aura donc empêché la fusion d’aboutir. Une fois la crise passée les discussions vont probablement reprendre dans le secteur de l’impression qui n’a pas réellement d’alternatives pour résister au mieux au déclin du secteur.