Singapour a lancé le 20 mars TraceTogether, une application qui permet, une fois installée, de connaitre automatiquement les personnes que le propriétaire du smartphone a côtoyées, ayant eux-mêmes l’application. La cité-État a décidé de proposer l’application en Open source pour les États intéressés.

Ce n’est pas le premier pays à utiliser des moyens de traçage pour remonter à la source d’un foyer d’infection, la Corée du Sud a développé une carte pour connaitre les habitudes des personnes infectées, la Chine quant à elle a développé une application rappelant TraceTogether.

Plus de 620 000 inscrits à l’application au bout de trois jours

Singapour, comme la plupart des pays est touchée par le coronavirus. La cité-État qui compte 5,6 millions d’habitants (en 2017) a recensé 558 cas, dont 2 décès le 24 mars à midi. Le 20 mars le gouvernement de la cité-État a mis à disposition une application développée par la Government Technology Agency, permettant de tracer les personnes avec qui les propriétaires de l’application ont été en contact.

Selon la Smart Nation and Digital Government Office, interrogée par CNBC, « Plus de 500 000 utilisateurs possédant un numéro de téléphone portable enregistré à Singapour ont téléchargé l’application TraceTogether dans les premières 24 heures suivant son lancement ».

Sur les réseaux sociaux, Vivian Balakrishnan, ministre des Affaires étrangères, a lui, annoncé, que 620 000 personnes s’étaient inscrites le 23 mars.

Et le respect de la vie privée ?

Concrètement TraceTogether échange des signaux Bluetooth à courte distance avec les autres smartphones équipés. La rencontre et sa durée sont enregistrées et stockées pour 21 jours dans les téléphones. Les données de localisation ne sont pas collectées.

Si une personne a contracté le COVID-19, le ministère de la Santé a accès aux données de l’application pour identifier les personnes qui ont été en contact étroit avec le propriétaire. Une fois contacté par le ministère le concerné est tenu par la loi de renseigner ses mouvements et interactions. Le but est d’identifier le plus rapidement possible les personnes susceptibles d’être contaminées et d’éviter ainsi l’apparition d’un foyer d’infection.

Outre que cette application arrive un peu tard pour des pays comme les États-Unis, l’Italie ou la France, où l’infection semble déjà généralisée, elle pose de sérieuses questions sur la protection des données personnelles.

Le ministère de la Santé à tenu a précisé que des détails privés comme le nom, la liste de contact du téléphone n’était pas collectée. Par ailleurs les données sont chiffrées même si le ministère a le pouvoir de les déchiffrer s’il le juge nécessaire.

La France observe l’initiative de loin

Le gouvernement de Singapour a fait savoir que plusieurs pays étaient intéressés, « Notre équipe d’ingénieurs travaille 24 heures sur 24 pour préparer la base de code à l’adoption de l’open source » a déclaré à CNBC le porte-parole de la Smart Nation and Digital Government Office.

À la sortie du conseil des ministres en France ce 25 mars, Sibeth Ndiaye a déclaré que le gouvernement était attentif aux stratégies mises en place dans différents pays, mentionnant Singapour (probablement TraceTogether). Elle a expliqué que le la France « vérifiait l’intérêt sanitaire que cela peut avoir, selon la stratégie sanitaire mise en place dans le pays ». En précisant par ailleurs l’attachement à la préservation de la vie privé et qu’aucune décision n’avait été prise en faveur d’une adoption de système de traçage de ce type.