Le lancement de Disney+ est attendu avec crainte en France, et plus largement en Europe. Son succès et la fraicheur de sa bibliothèque pourraient contribuer à déstabiliser l’Internet, ressource précieuse en cette période. Quoi qu’il en soit, ces deux éléments semblent avoir conquis les américains, puisqu’au pays de l’Oncle Sam, la moitié des ménages avec enfant(s) de moins de 10 ans possède un abonnement.

C’est un chiffre d’autant plus impressionnant corrélé avec le lancement de Disney Plus aux États-Unis : novembre 2019. D’ailleurs, avant même d’être lancée, plus d’un million d’américains avaient réservé leur accès. À l’approche des fêtes, la plateforme comptait 28,6 millions d’abonnés.

Dans une récente étude menée par Ampere Analysis, environ 50% des foyers avec enfant(s) de moins de 10 ans est inscrit à la plateforme de Disney. Ce score s’étoffe lorsque l’âge des enfants du foyer augmente. Dès lors qu’il y a des enfants de moins de 18 ans, on passe à 42% de foyers.

Outre les familles, l’étude démontre que les 18-24 ans ne se désintéressent pas des contenus proposés par Disney+. En effet, ils sont 41% à déclarer avoir eu un accès au catalogue de la plateforme, principalement pour regarder les films de Marvel, mais aussi la série Le Mandalorien de Star Wars.

Finalement, aux États-Unis, Disney+ a dévoré les parts de marché des acteurs de SVoD pour s’installer à une place plus que confortable. Est-ce Netflix qui aurait pâti de cette croissance fulgurante ? Visiblement non. Aux États-Unis, on compte plus de 128 millions de foyers, et Netflix annonce y avoir 61,04M d’abonnés. On peut grossièrement en déduire que Netflix est présent dans 47% des ménages du pays.

En France, cette part tombe à 23% avec la même ‘méthode’. Dans ce cas, Disney Plus pourrait-il faire mieux que Netflix ? Difficile à dire, et cela pour plusieurs raisons. Notre marché est loin d’être aussi mature que celui des américains, habitués à jouer avec les offres câblées depuis des années, et rapidement mis dans le bain de la SVoD avec une offre très large. La croissance de Netflix prenant du temps, les français seront-ils prêts à compter deux abonnements ?

Néanmoins, plusieurs facteurs pourraient avantager Disney+ à son lancement, retardé au 7 avril 2020. Le premier, c’est le contenu du catalogue. L’offre est large et donne accès à une multitude de films et de séries que l’on ne peut trouver ailleurs. L’aspect nouveauté pourrait donc jouer en sa faveur, notamment après le battage médiatique autour de la série Le Mandalorien, qui n’était accessible que par un tour de passe-passe, ou téléchargement illégal. Toujours sur les contenus, le simple fait qu’ils soient pour tous les âges trancherait avec Netflix. Son catalogue surfe sur quelques hits, mais ne peut égaler la renommée des titres Disney. Ce dernier pourra donc séduire naturellement là où Netflix manque d’arguments : combien ont pris un abonnement pour le contenu jeunesse ? Enfin, les FAI (fournisseur d’accès à Internet) ont désormais appris à intégrer les plateformes de SVoD dans leurs offres. Si, Canal+ a déjà ajusté ses formules, mais les opérateurs tardent encore, même si « des discussions sont en cours ».

Beaucoup de questions auxquelles nous pourrons répondre le 7 avril passé. Le mode de vie actuel, lié au confinement pourrait être un accélérateur, tant pour Disney, que pour Netflix. À voir qui gagnera la bataille des parents.