Après la présentation de Pohoiki Beach et ses 64 processeurs neuromorphiques Loihi en juillet 2019, Intel vient de dévoiler Pohiki Spring, un ordinateur équipé de 768 processeurs Loihi. Le géant américain affirme que Pohiki Spring fournit une capacité de calcul de 100 millions de neurones numériques. Une prouesse inédite.

Un cerveau numérique équivalent à celui d’un rat

Avec Pohiki Spring, Intel réalise une véritable démonstration de force. Cet ordinateur multiplie par 12,5 la puissance du précédent « cerveau numérique » développé par l’entreprise. Selon Mike Davies, responsable du laboratoire de calcul neuromorphique d’Intel : « auparavant le système s’approchait du cerveau d’un insecte, là nous sommes plutôt au niveau d’un rat ou d’une taupe ».

Dans le même temps, Nabil Imam, chercheur au sein de ce même laboratoire, a mis au point un « nez numérique ». Cette intelligence numérique est capable de reconnaître les odeurs bien plus rapidement et précisément qu’un système classique. Une technologie de pointe possible grâce aux mêmes puces Loihi développées par Intel. Le chercheur précise que :

« Lorsque nous soumettons les résultats de la captation d’un seul échantillon au système, comme du méthane, il l’enregistre. Dès qu’on le lui soumet à nouveau, il s’en souvient. Et contrairement à l’apprentissage profond, l’ajout de cette nouvelle information dans la mémoire du système ne modifie pas les informations déjà stockées. Le temps d’apprentissage est donc bien plus rapide ». 

Pohiki Spring : l’avenir de l’informatique ?

Comme l’explique Mike Davies : « la plateforme Pohiki Spring comprend 768 processeurs Loihi plus des puces FPGA, mais son véritable atout c’est qu’elle ne consomme que 500W. C’est à peu près équivalent à la consommation d’un PC de bureau un peu puissant, alors que les capacités de calcul sont toutes autres ». La différence entre Pohiki Spring et un système classique, c’est la manière dont cet ordinateur traite les données.

En effet, les processeurs neuromorphiques traitent les données les unes après les autres en utilisant très peu d’énergie. Très bien, mais la vraie différence est surtout que ce « cerveau numérique » est capable de s’adapter en temps réel. Les puces adoptent le même comportement que des neurones humains : elles travaillent mieux en groupe. Pohiki Spring n’en est encore qu’à un stade de recherche, les usages sont encore à inventer.

L’ordinateur d’Intel vient s’inscrire dans une série d’innovations. L’informatique quantique prend de l’ampleur et la première « téléportation quantique » entre deux puces informatiques avait lieu en décembre 2019. Une téléportation rendue possible grâce à une intrication quantique. Ce phénomène correspond à l’enchevêtrement de deux particules au point de pouvoir « communiquer » sur de longues distances. À ce propos, Viva Technology et le cabinet de conseil McKinsey publiaient le 9 mars 2020 un rapport commun estimant que ce marché pèsera 1 000 milliards de dollars d’ici 15 ans.