Cela ne vous aura probablement pas échappé, la Caisse d’Épargne a récemment annoncé qu’elle s’apprêtait à expérimenter le « banquier entrepreneur ». Avec cette nouvelle, on peut se demander si l’ubérisation de secteur bancaire tend à se démocratiser en France. Certaines parlent d’un « tsunami », ou d’autres d’un « sujet tabou »… Ce qui est sûr, c’est que cette annonce fait beaucoup du bruit.

L’expérimentation d’un nouveau statut pour les travailleurs bancaires soulève de nombreuses questions. La Caisse d’Épargne évoque la création du statut des « conseillers indépendants locaux ». D’après le groupe BPCE (Banque Populaire Caisse d’Épargne), ce nouveau statut doit permettre de maintenir son réseau d’agences dans les zones rurales, là où les établissements bancaires ferment les uns après les autres.

Comment appréhender l’ubérisation du secteur bancaire ?

Les futurs conseillers indépendants locaux de la Caisse d’Épargne devront créer une SAS (société par action simplifiée) et seront mandatés par la banque pour vendre ses produits financiers. Ils devront décrocher une triple habilitation pour les métiers de la banque et suivre une formation spécifique pour être « embauchés ». La désertification bancaire est au cœur du projet. Un motif plutôt louable, il faut en convenir.

Ce statut doit également permettre à ces nouveaux travailleurs bancaires de conserver leur sédentarité, dans un domaine où la mobilité est quasi-systématique. Oui mais voilà, comme l’explique MoneyVox, un média en ligne spécialisé dans les sujets bancaires, le risque est que les conseillers indépendants locaux ne soient que de « simples » vendeurs et non des conseillers bancaires, capables d’aiguiller les clients sur un produit plutôt qu’un autre.

Difficile de ne pas faire le lien entre le statut proposé par la Caisse d’Épargne et celui développé par les grands noms de l’ubérisation que sont Uber ou encore Deliveroo. De la même manière que pour ces deux entreprises, les futurs conseillers indépendants locaux dépendent uniquement du flux de travail apporté par une seule entité : la Caisse d’Épargne. Avec l’apparition de ce nouveau modèle, plus intéressant pour les banques d’un point de vue financier, on peut légitimement penser que d’autres entreprises du secteur suivront pour s’adapter aux mutations du marché.

De nouveaux acteurs bouleversent le marché

Les banques digitales (ou néo-banques) contribuent à ces changements profonds. Leur essor est considérable : à la fin du mois de janvier 2020, N26 annonçait avoir passé la barre des 5 millions de clients à travers le monde. Les banques traditionnelles sont forcées d’évoluer vers un service de plus en plus digitalisé. Du digital, mais pas que : certains études montrent que le besoin de faire appel à un conseiller pour des opérations plus complexes, comme des placements, se fait toujours ressentir.

C’est une réalité : le secteur bancaire est en pleine mutation. Les entreprises tentent indéniablement de réduire leurs coûts. La composante la plus importante concerne les employés et nous savons pertinemment qu’un phénomène d’ubérisation peut contribuer à atteindre cet objectif de réduction des coûts. Notons également que la baisse des taux d’intérêt, phénomène certes intéressant du côté consommateur, signifie que les banques réalisent moins de profits sur les prêts consentis. L’ubérisation pourrait donc s’imposer comme un nouveau « modèle gagnant », capable de pallier ces différentes difficultés pour le secteur bancaire.