Un récent rapport publié par ABC News le 5 mars 2020 rapporte le quotidien d’une partie de la communauté Ouïgours en Chine, dans la ville de Nanchang. Dans un quartier musulman de la ville, une gigantesque usine chinoise fabrique des écrans d’ordinateur, des caméras ou encore des capteurs d’empreintes digitales pour des entreprises comme Apple ou Lenovo. D’après le rapport, les Ouïgours seraient piégés dans une enceinte « fortifiée », observés par des caméras de sécurité et surveillés par des gardes à l’entrée.

La communauté des Ouïgours est prise pour cible

Les Ouïgours chinois ne sont pas les seuls à travailler dans cette usine, d’autres communautés minoritaires seraient exploitées. Les travailleurs de l’OFILM, cette fameuse entreprise géante à Nanchang, ne peuvent quasiment pas sortir de l’enceinte de l’usine. Ils ne sont pas non plus autorisés à pratiquer leur culte ou à se couvrir la tête. Le gouvernement chinois soupçonne les Ouïghours de vouloir nuire à la stabilité sociale du pays en raison de leur culture, de leur langue et de leur religion.

Nous savons maintenant que la Chine se sert des nouvelles technologies pour surveiller et arrêter des populations musulmanes. Les Ouïghours, un peuple turcophone et à majorité musulman sunnite, sont souvent pris pour cible et placer dans des camps d’internement ou des prisons où ils sont soumis à une rééducation idéologique et comportementale forcée.

Une fois qu’ils sont autorisés à sortir de ces camps, ils sont souvent envoyés dans de telles usines de force. Les conditions de travail y sont particulièrement mauvaises. Si les salaires sont les mêmes pour les Ouïghours que pour les autres travailleurs, leur traitement est différent d’après les habitants du quartier qui ont témoigné à ce sujet.

Forcés à fabriquer du matériel technologique pour les géants du web

D’après une femme qui a travaillé dans cette usine, les Ouïghours ne peuvent pas pratiquer leur culte à l’intérieur de l’OFILM. Elle précise également que les gardes ne les laissent pas sortir de l’enceinte de l’entreprise. Cette femme explique que : « si vous êtes Ouïghour, vous n’êtes autorisé à sortir que deux fois par mois. C’est le gouvernement qui les a choisis pour venir à l’OFILM, eux ne l’ont pas choisi ». Pour le gouvernement chinois, ce programme de travail est un moyen de former les Ouïgours et de leur donner du travail

De son côté, le ministère des Affaires Étrangères chinois estime que ce rapport est sans fondement : « les inquiétudes suscitées par l’éventualité d’un travail forcé dans le cadre de ce programme sont infondées ». James Leibold, spécialiste de la politique ethnique chinoise, explique ceci : « les chinois pensent que ces gens sont peu éduqués, isolés, arriérés, et qu’ils ne parlent pas le mandarin ». Les travailleurs de l’usine OFILM fabriquent du matériel technologique pour les sociétés suivantes : Apple, Samsung, Lenovo, Dell, HP, LG et Huawei.