Jusqu’ici forcée de retarder le lancement de son second Vision Fund, l’entreprise SoftBank prend les devants en déclarant vouloir investir 2,5 milliards de dollars de sa propre poche, rapportait Reuters le 18 février. En parallèle, une nouvelle politique de financement semble voir le jour au sein de l’entreprise, rapportait le Financial Times il y a quelques jours. Face aux résultats mitigés du dernier trimestre de 2019, la société n’aurait manifestement pas d’autres choix que de mettre en place un fond spéculatif, pour attirer de nouveaux investisseurs.

Des résultats peu convaincants en 2019

Le dernier trimestre de 2019 n’était pas florissant pour SoftBank, déclarant une perte opérationnelle équivalente à de 1,9 milliards d’euros. À l’origine de cette dévalorisation, des paris ratés, comme WeWork, et la difficulté pour la société de lancer son deuxième Vision Fund pourtant prévu depuis la mi-2019.

Aussi, pour relancer la machine, son fondateur Masayoshi Son, prévoit d’oeuvrer sur plusieurs plans. Tandis que Reuters rapporte un nouvel investissement de 2,5 milliards de dollars en interne, Financial Times relaie la mise en place d’un nouveau fond spéculatif (« hedge fund »), pour attirer de nouveaux investisseurs.

Peut-être que l’arrivée des fonds investisseurs Elliott Corporation, dirigés par Paul Singer, n’est pas étrangère à cette nouvelle directive. Devenu actionnaire de premier plan, avec une participation de, devinez-quoi, 2,5 milliards de dollars, des changements seraient désormais sollicités par les fonds Elliott.

Aussi, c’est pour pallier les inquiétudes des investisseurs face aux performances plus que discutables du premier Vision Fund que ce fond spéculatif serait mis en place, car de nombreuses startups dans lesquelles Softbank a investi ces derniers mois sont en difficulté.

Séduire les investisseurs pour maintenir le deuxième Vision Fund

Le problème est de savoir si le fond spéculatif ne risque pas d’être jugé comme insuffisant face aux déboires connus par Softbank cette année.

Parmi eux il faut compter le « sauvetage » de WeWork qui n’a pas eu l’effet escompté, et les revers avec Uber et Slack. Le dépôt de bilan de Brandless, start-up censée concurrencer Amazon et Walmart sur les produits de beauté, et dans laquelle SoftBank avait largement investi, au total, plus de 290 millions de dollars, n’est pas fait pour rassurer lui non plus. D’autres startups soutenues par SoftBank sont également en difficulté, et confrontées à des licenciements ainsi qu’une minimisation des coûts. C’est le cas de Zume, spécialisé dans la livraison de nourriture, ou Fair, dans la location de voitures. En outre, Micheal Ronen, responsable du premier Vision Fund, négociait son départ début février, quelques jours avant la participation des fonds Elliott.

L’heure est au changement donc, pour l’entreprise, qui grâce à son fond spéculatif se tourne vers les marchés cotés. L’objectif ? Trouver de nouveaux partenaires, ou raviver la flamme avec ses plus anciens investisseurs, comme le fonds souverain d’Abou Dabi (Mubadala Development Company), et le gouvernement du Kazakhstan. D’après le Wall Street Journal, les deux partenaires envisageraient un nouvel investissement de 4 milliards de dollars. Reste que, sur le long terme, non seulement la stratégie peut se révéler insuffisante, et que le deuxième Vision Fund, même s’il est lancé, devra encore faire ses preuves.