Les 10, 11 et 12 février se déroulait The 3DEXPERIENCE World 2020 de Dassault Systèmes à Nashville. Véritable institution pour les créateurs, designers et ingénieurs spécialisés dans la conception 3D, voici ce qu’il fallait retenir de ces trois jours…

La plateforme SOLIDWORKS tient le haut du podium

S’il fallait résumer ces trois jours en quelques mots, il conviendrait tout simplement de nommer cette plateforme 3D, 3DEXPERIENCE platform. Disons-le, c’est elle la star, elle et son CEO Gian Paolo Bassi, ayant succédé à la direction de Bertrand Sicot en 2015, qui a pour sa part rejoint le groupe lyonnais Visiativ, en tant que directeur général délégué.

La technologie ne cesse d’avancer, le concept est simple, proposer un service entièrement relié à cette technologie permettant aux créateurs et designers de travailler ensemble sans plus avoir à passer par différentes études de projets.

Tel qu’il est présenté, ce rassemblement annuel était pour Dassault Systèmes l’occasion, non seulement de changer le nom de la conférence annuelle en « 3DEXPERIENCE World », mais surtout de mettre un bon coup de projecteur sur les améliorations apportées à cette plateforme collaborative SOLIDWORKS, version 2020. Tel est le maître mot, la collaboration : fruit d’un travail sur plusieurs échelles de compétences, permettant à chacun de participer à un projet en laissant ses apports, ses commentaires, ses manipulations, ses « envies », et de marquer le monde du futur pour la vie : « Comment rêver le monde de demain », telle est la mission que s’est fixé SOLIDWORKS… tout un programme.

Tableau récapitulatif

Crédit : SOLIDWORKS

Passons sur l’aspect communication d’un tel salon pour se concentrer sur ce produit au cœur de la conférence de 2020, et largement mis en avant par l’équipe directive de Dassault Systèmes. Rassemblant 11 secteurs de la conception, elle permet à chacun, en fonction de ses compétences, et des besoins pour les produits, de travailler directement à partir des logiciels proposés par l’application SOLIDWORKS. Si l’aspect communicatif, voire instantané, puisque les participants au projet ont ainsi directement accès aux données et informations laissées par leurs collègues, est impressionnant, on comprend aussi que ce type de plateforme vient répondre à un besoin de plus en plus probant : l’immédiateté. Tout est accessible et manipulable depuis sa tablette ou son mobile, pratique, design, configuré pour la conception et la fabrication.

Et vive la « Renaissance Industry« … l’autre maître mot, ou plutôt le concept avancé par Dassault Systèmes depuis 2018, et par tant d’autres secteurs que ce soit dans le management, ou désormais en RH. Il ne s’agit plus de vendre des produits, pour des groupes comme Dassault Systèmes, il s’agit de marquer les entreprises avec des logiciels capables d’épouser les évolutions industrielles et commerciales. C’est en tout cas le discours prononcé par Gian Paolo lors du lancement de la conférence le 10 février 2020. Pour asseoir son argumentaire, il n’hésite pas à prendre l’exemple de la voiture autonome, qui, effectivement, pour voir le jour, nécessite une collaboration entre plusieurs secteurs tous différents, et parfois bien éloignés de la manufacture de l’automobile à proprement parler.

Et pour illustrer encore plus directement le concept, une démonstration aura ainsi été organisée sur le podium pour parler de Debby, ingénieure design, et de l’utilisation qu’elle a pu faire de SOLIDWORKS. Nous sommes le deuxième jour, et nous assistons à une douce aventure corporate : tandis que Peggy s’apprête à se rendre à son travail, celle-ci aperçoit son voisin en train de peiner à tondre son gazon. Que voit Peggy ? Une « opportunité de rendre ce monde meilleur ». Aussi que fait-elle en rentrant chez elle le soir sur son canapé depuis sa tablette ? Peggy commence de travailler sur la plateforme SOLIDWORKS pour configurer un modèle de tondeuse similaire à son robot aspirateur… et c’est là que commence la grande aventure collaborative.

Photo conférence 2020

3DEXPERIENCE WORLD 2020 – Dassault Systèmes / Présentation de la plateforme collaborative 3D SOLIDWORKS © Siècle Digital

Nous vous passerons le reste des détails communiquant une envie irrépressible de travailler gratuitement pour un monde meilleur grâce à une plateforme digitale… Il n’est pas anodin toutefois de faire passer un tel concept en mettant en avant le volontariat de Peggy, qui par la même, travaille sur un projet depuis chez elle pour ne le proposer à ses employeurs qu’une fois bien avancé, et pour lequel on fera un jour une étude de marché… La Renaissance Industry, c’est un monde où l’automatisation, et le machine learning rendent plus facile ce type de travail en amont. Les petites mains ne seront plus un problème, aussi les créateurs auront tout le loisir de travailler sur ce genre de concept en collaboration avec d’autres secteurs, sans que le temps de construction du produit, et sa réalisation, ne soient un obstacle. C’est l’idée.

Conférence février 2020

3DEXPERIENCE WORLD 2020 – Dassault Systèmes / Présentation de la plateforme collaborative 3D SOLIDWORKS © Siècle Digital

L’objectif 2020 aura donc été d’apporter diverses améliorations à la plateforme pour la rendre toujours plus accessible, et adaptable, aux divers secteurs engagés dans la conception 3D.

Un maillage hybride et un flux opérationnel amélioré

L’un des points importants à améliorer consistait à favoriser la suite de tâches dans la conception et la fabrication. C’est à quoi s’est attelé SOLIDWORKS en rationalisant les « workflows » (flux opérationnel), et en les intégrant dans un écosystème de conception connecté au cloud. L’idée étant de faciliter l’assemblage complexe, tout en favorisant l’annotation, la structuration, et la modification des plans : « Permettre à travers un mode « Habillage », la vitesse de conception et de sous-assemblages pour garantir une bonne simulation, et donc une meilleure accessibilité au « produit fabriqué ». »

Une meilleure gestion des données

Les designers et les créateurs auront davantage accès aux divers aspects du développement de produits, grâce aux outils 3D proposés par le portfolio SOLIDWORKS et aux partenaires. Les données, les cycles de vie du produits seront ainsi partagés grâce à des outils comme 3D Component Designer, Project Planner, 3D Sculptor. L’intérêt est de pouvoir assembler ces données sur un tableau de bord collaboratif et sécurisé dans le cloud.

Bon moyen pour Dassault Systèmes de faire ses preuves quant au cloud sécurisé. Rappelons qu’en octobre 2019, le gouvernement français demandait au groupe ainsi qu’à OVH (entreprise spécialisée dans le cloud computing) de préparer un plan de réflexion pour 2020 à propos d’un cloud souverain. Dans une ère où les grands acteurs du cloud sont américains, l’idée ne serait pas de trop en effet. En décembre dernier, l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des informations), attribuait à Dassault Systèmes le label  » SecNumCloud ».

Quels produits grâce la conception 3D ?

Et que fait-on de ce type d’application ? Bien sûr, de jolies choses, force est de constater. Et pour illustrer l’objectif porté par le CEO de Dassault Systèmes, Bernard Charlès, lors de son discours de présentation : « Comment améliorer les performances de l’humain », ou bien encore « Inventer le siècle à l’intersection entre l’humain et la technologie« , les organisateurs ne se sont pas privés pour choisir des porte-paroles devant qui personne ne resterait de marbre. À l’instar de cet athlète de haut niveau, Mike Shultz, venu présenté le dernier prototype de la prothèse qu’il porte depuis son amputation de la jambe datant de 2008. Grâce à l’utilisation de SOLIDWORKS, l’homme a pu modéliser sa jambe artificielle, et s’est depuis lancé dans la modélisation de prothèses similaires.

Que dire également devant Christine Getman, faisant face à une atrophie musculaire spinale de type 2, à la tête de l’association, The Magic Wheelchair, qui grâce à la plateforme SOLIDWORKS est en mesure de construire des fauteuils customisés pour les enfants. Derniers modèles en date, un fauteuil inspiré par La Belle et la Bête, et une moto Speeder, inspirée de Star Wars, tenant d’ailleurs la vedette du salon. Le clou du spectacle ? Gian Paolo Bassi, tout heureux « d’essayer » la moto pour quelques minutes… Et franchement, on ne sait plus quoi penser, communication, humeur bon enfant, ou les deux. Bref, c’est un salon de professionnels passionnés.

L’impression 3D

Coup de projecteur également sur Stratasys, entreprise américaine spécialisée dans l’impression 3D, et qui a profité du salon 3DEXPERIENCE World pour présenter son nouveau produit, la J826, destiné aux ateliers moyens et aux établissements de l’éducation et de l’enseignement. Le modèle, capable de prendre en charge la totalité du concept de production est notamment déjà utilisé par BiologIC Technologies, au Royaume-Uni, pour développer ses appareils d’instrumentation médicale avancée. Il est certain qu’avec des plateformes de conception comme SOLIDWORKS, le marché des imprimantes 3D risquent fort de se décupler et de se démocratiser. L’univers médical étant un domaine plus que prisé, permettant par exemple aux cabinets d’imprimer leurs propres prothèses, à l’instar des cabinets dentaires avec Formlabs, pour ne citer qu’eux, et parce que la société était venue présenter ses produits au salon.

Coup de cœur pour l’App for Kids

Cette application, originellement conçue pour permettre aux enfants de 4 à 14 ans d’appréhender facilement et naturellement la 3D, continue son bonhomme de chemin. Désormais disponible en anglais, français, espagnol, allemand, celle-ci peut être télécharger à la maison, ou au sein des établissements scolaires. Il suffit pour les enseignants d’ouvrir un compte pour leur classe, et ils pourront entamer un projet commun. Différenciation, collaboration, progression assurée, pour les plus avertis… Différentes étapes pourront être suivies, en passant de la conceptualisation au produit fini.

Dessiner, styliser, modéliser, assembler, revenir sur un croquis pour l’améliorer, ou partir d’un modèle pré-établi, tout y est. Chin-Loo Lama, designer chargée de porter le projet nous explique que les améliorations ont notamment été portées sur la capacité de stockage de modèles, et la notion de « propriété intellectuelle ». Notion importante pour les créateurs en herbe, non-contents de voir certains camarades s’approprier un modèle préalablement conçu par leurs soins. Comme quoi, le droit d’auteur, ça existe…, même dans le monde enfantin.

photo illustration

Crédit : SOLIDWORKS – App for kids

Le gros travail aura porté sur la simplification de la modélisation pour l’assemblage, et permettre à l’enfant de faire bouger les pièces à l’aide des mécanismes. Espérons que les établissements soient capables de fournir des tablettes et des ordinateurs qui marchent, car les professeurs de technologie et de physique pourront s’en donner à cœur joie. De quoi ravir les friands de l’interdisciplinarité, car la liste des objets est sans limite se plait à expliquer Chin-Loo Lama.

Schéma

Crédit : SOLIDWORKS – App for kids

Aussi la renaissance de l’industrie pourrait avoir quelques aspects positifs quand il s’agit de concrétiser des enseignements théoriques à souhait, et pourtant garants des métiers de demain. Si Bernard Charlès pointe du doigt l’intersection entre l’humain et la technologie, pointons du regard l’intersection entre l’enseignement de cette technologie et les moyens mis en place pour y accéder, et en profiter.

Comment favoriser l’utilisation de ce type d’application au sein des établissements, et permettre aux futures générations de se former aux domaines technologiques, et porteurs d’avenir ? Comment permettre aux futures générations de suivre cette « révolution » pour ne pas se retrouver sans emploi face à l’automatisation ? Comment permettre aux gens d’accéder financièrement aux prothèses conçues grâce à ces plateformes 3D ? Telles pourraient être également les préoccupations des services publics et gouvernementaux… et ainsi préparer le plus grand nombre, au « monde de demain ».