Il y a quelques semaines, nous apprenions que Clearview était une société disposant d’un logiciel de reconnaissance faciale basée sur des images issues des réseaux sociaux et que c’était là un moyen de surveiller les américains. Cela n’a pas plu aux géants du numérique. Tous se sont empressés de donner l’ordre à l’entreprise de cesser l’exploitation de leurs contenus. Aujourd’hui, les faits rapportés par Buzzfeednews sont plus incriminant encore. Clearview tente de vendre son logiciel de reconnaissance faciale à des pays où les droits des personnes ne sont pas toujours respectés comme ils le devraient.

Clearview vise à 22 pays, dont certains ayant commis des violations des droits de l’Homme

Clearview prétend posséder une base de données où figurent plus de 3 milliards de photos extraites d’internet et des réseaux sociaux. C’est avec cet outil que l’entreprise cherche aujourd’hui à se développer à l’étranger, cela alors même qu’elle est au coeur de nombreux problèmes, notamment avec les géants du numérique, comme Facebook, Twitter, Google et bien d’autres encore. Tous lui demandent de cesser son activité et le vol de données destinées à alimenter son système.

Clearview, qui propose aux autorités un système de reconnaissance faciale, se serait vanté d’avoir une “expansion internationale rapide” auprès de potentiels clients, cela en utilisant une carte illustrant où l’entreprise est présente et où elle compte s’installer. Cette illustration a été obtenue par Buzzfeednews et on découvre ainsi que ce sont 22 pays concernés dont les États-Unis où les forces de l’ordre utilisent déjà la technologie, et bien d’autres dont certains ont commis des violations des droits de l’Homme et où la loi pose question. En effet, figurent sur la carte le Qatar ou encore Singapour. Leurs codes pénaux respectifs font de l’homosexualité un crime. Ici, se pose donc la question de savoir si, à l’heure actuelle, Clearview tente de se vendre aux autorités de pays dont le régime serait autoritaire.

Carte clearview

Crédits : Buzzfeednews

Le PDG de l’entreprise refuse de donner plus de détails

Hoan Ton-That est le PDG de Clearview et il a d’ores et déjà refusé de commenter cette carte. Il n’a pas souhaité dire s’il travaillait déjà dans des pays ou s’il comptait déployer sa technologie dans des pays où les droits des personnes sont baffoués. Le PDG a préféré indiquer que “Clearview se concentre sur les affaires aux États-Unis et au Canada. De nombreux pays du monde entier ont manifesté leur intérêt pour Clearview”.

À notre échelle européenne, la carte nous permet de constater que l’Italie, la Grèce et les Pays-Bas travaillent, ou sont la cible d’une collaboration avec Clearview. Cependant, il s’agit de pays où la protection de la vie privée est stricte en vertu du RGPD. La loi, qui date de 2016, oblige les entreprises à protéger les données personnelles et la vie privée des citoyens de l’Union Européenne. Utilisée dans certains cas, la technologie de Clearview pourrait respecter cela, notamment lors d’enquêtes judiciaires, reste cependant que l’usage de ce système de reconnaissance faciale manque d’encadrement… dans tous les pays du monde.