Lorsque vous vous baladez à Moscou, il y a de fortes chances pour que votre visage soit scruté par les caméras de vidéosurveillance de la ville. Depuis le mois de janvier, ces caméras pourraient vous reconnaître grâce à la reconnaissance faciale. La technologie est toujours très controversée : la Commission européenne a envisagé de l’interdire avant de faire machine arrière, Londres est en passe de s’en doter.

Des policiers alertés grâce à une application dès qu’un suspect est repéré

La capitale russe aime avoir à l’œil ses citoyens. Avec 160 000 caméras de vidéosurveillance, Moscou dispose d’une caméra pour 74 habitants, à titre de comparaison, il y a une caméra pour environ 1 500 habitants à Paris. Ce dispositif, de la simple captation d’image, va évoluer. Certaines caméras vont être associées à un système de reconnaissance faciale.

Selon le média économique russe Vedomosti, le maire de la ville, Sergeï Sobyanin, a annoncé que le déploiement de cette technologie est en cours depuis le début du mois de janvier. Le but est de retrouver les personnes « recherchées pour des délits graves et violents ». Une liste de suspect sera constituée.

Le PDG de NTechLab, l’entreprise qui équipe Moscou, Alex Minin a expliqué à The Verge le fonctionnement de son système, « Des policiers spécialisés reçoivent des alertes sur leurs téléphones portables sur lesquels est installée notre application mobile FindFace Security ».

Le dispositif se concentrera sur les zones touristiques et les centres commerciaux très fréquentés indiquent les autorités. L’ampleur, le nombre exact de caméras reste toutefois confidentiel. Alex Minin s’est tout de même permis une petite vantardise à ce propos, « Nous pensons que le système de reconnaissance faciale de Moscou est le plus grand du monde ».

NTechLab a signé le contrat avec le département des technologies de l’information de Moscou le 1er janvier pour 3,2 millions de dollars. L’entreprise, russe, s’est fait connaître avec le logiciel FindFace en 2016. Ce dernier permettait de retrouver une personne sur le Facebook russe, VK, grâce à une photo.

Le logiciel a dû être retiré du marché, des personnes malintentionnées s’en servaient pour traquer et harceler des travailleuses du sexe notamment. À la suite de cette expérience qui a mal tourné, NTechLab s’est tourné vers le marché des entreprises et des autorités.

La reconnaissance faciale, encore et toujours en débat

La reconnaissance faciale, même au service des autorités, est encore très loin de faire l’unanimité. Il y a quelques semaines, une enquête du New York Times révélait l’utilisation par une partie de la police américaine des services de reconnaissance faciale de l’entreprise Clearview AI, cela avait provoqué quelques tumultes.

Interrogé par ce The Verge à ce propos, Alex Minin balaie le sujet, « Lorsqu’il est soigneusement orchestré, le système n’est pas seulement inoffensif pour les gens ordinaires, il aide beaucoup à attraper les terroristes, les criminels, les pédophiles et les pickpockets en permettant à la police de les identifier en quelques secondes, de les localiser et les capturer en quelques heures au lieu de jours, de semaines ».

Un avis qui n’est probablement pas partagé par les Ouïgours, en Chine, surveillés et persécutés grâce à la surveillance de masse permise par la reconnaissance faciale. En France, la CNIL a ouvert le débat autour de la question, en octobre le gouvernement avait émis le souhait de l’utiliser pour accéder à son identité numérique. Depuis, le projet Alicem n’a plus fait parler de lui.