Le gendarme des télécoms russes, Roskomnadzor a décidé de sévir le 29 janvier. Le service suisse de messagerie ProtonMail serait largement utilisé pour de fausses alertes à la bombe qui fatigue le pays depuis plusieurs mois. ProtonMail considère que son blocage ne servira à rien et dénonce surtout une façon d’empêcher les citoyens russes d’avoir accès à une messagerie chiffrée.

1,55 million de personnes évacuées

Depuis fin novembre la Russie connait une vague de fausses alertes à la bombe. Des alertes qui contraignent systématiquement les autorités à évacuer les lieux concernés, et à systématiquement tout vérifier. La BBC rapporte que pour le seul lundi 20 janvier tous les métros moscovites ont dû être contrôlés, 100 écoles et 20 centres commerciaux évacués.

Selon une étude de l’agence Interfax, depuis novembre 1,55 million de personnes auraient été évacuées dans toute la Russie pour cause de fausse alerte à la bombe. Une situation qui a poussé un journal d’investigation russe, Novaya Gazeta à parler de « vague de terrorisme téléphonique sans précédent ».

La discrétion des autorités a eu tendance à favoriser l’exaspération de la population. C’est peut-être la raison pour laquelle elles ont finalement décidé de réagir… en s’en prenant aux messageries chiffrées, accusées d’être les vecteurs des alertes, dans un pays où les VPN sont déjà mal considérés par le pouvoir.

Deux systèmes de messagerie bloqués en une semaine

Dès le 23 janvier Smartmail.com a été le premier service bloqué par le Roskomnadzor. Selon le FSB, les services secrets russes, la plateforme aurait servi a envoyer 1000 fausses alertes à la bombe dans 16 régions. Comme fermer un service de messagerie, ce n’est pas exactement mettre fin au problème, sans surprise, de plus en plus d’alertes ont été émises via une autre messagerie, ProtonMail.

ProtonMail est né en 2013 à Genève. Avec 20 millions d’utilisateurs dans le monde, elle attire en Russie essentiellement les journalistes ou militants. Le Roskomnadzor accuse ProtonMail d’avoir refusé de lui fournir des informations sur les utilisateurs à l’origine des alertes à la bombe.

Une information que conteste ProtonMail dans un communiqué, « Même si le gouvernement affirme que nous avons refusé leurs demandes de collaboration, nous n’avons pour le moment reçu aucun message des autorités russes ».

L’entreprise accuse les autorités de se tromper de cible, « Nous condamnons ce blocage comme une mesure malavisée qui ne sert qu’à nuire aux gens ordinaires ». Il semble effectivement que bloquer une messagerie ne fasse que déporter le problème plutôt que le régler. Cette stratégie qui semble relativement inefficace pourrait bien correspondre surtout à un tout autre objectif, fermer les services de messagerie chiffrés en Russie…