9 janvier 2020 : date à laquelle l’Organisation mondiale de la santé a officiellement informé le grand public qu’une épidémie de type grippal sévissait depuis Wuhan en Chine. Pourtant, quelques jours avant avant ces informations officielles, une intelligence artificielle canadienne développée par BlueDot avait déjà repéré l’épidémie.

Faut-il se fier à la technologie plutôt qu’aux autorités sanitaires ?

L’IA développée par les chercheurs canadiens de BlueDot est composée d’un algorithme capable de parcourir des bulletins d’information dans 65 langues, les informations sur la détection de nouvelles maladies animales ou végétales, afin d’éviter à ses clients de se rendre dans des zones dangereuses. Pour Kamran Khan, fondateur et directeur général de BlueDot :

« Nous savons qu’on ne peut pas compter sur les gouvernements pour fournir des informations en temps utile aux populations, alors nous avons développé cet outil. Nous pouvons recueillir des informations sur les éventuelles épidémies, nous écoutons les petits murmures sur les forums ou les blogs qui relatent des événements inhabituels. Dans ce cas précis, notre modèle a correctement prédit que le virus passerait de Wuhan à Bangkok, puis Séoul, Taipei et Tokyo dans les jours suivant son apparition initiale ».

La rapidité est certainement la clé pour combattre de telles épidémies. Pourtant, les autorités chinoises ont laissé trop de temps entre l’apparition du coronavirus et la diffusion des informations au grand public. C’est pour cette raison que par la suite, des cas se sont déclarés un peu partout dans le monde, dont quatre en France. Kamran Khan précise que son intelligence artificielle ne prend pas en compte les messages provenant des réseaux sociaux car selon lui, il s’agit « d’informations polluantes » qui ne révèlent la réalité de la situation.

BlueDot est capable de repérer l’émergence d’une épidémie

Khan a travaillé comme spécialiste des maladies infectieuses en milieu hospitalier à Toronto pendant l’épidémie de SRAS de 2003. Suite à cette épidémie, il a cherché à créer une méthode pour endiguer la propagation de tels phénomènes. Khan a lancé BlueDot en 2014 après avoir levé 9,4 millions de dollars (8,54 millions d’euros). L’entreprise compte aujourd’hui 40 employés, dont une grande partie sont des médecins ou des développeurs.

La méthode de travail de BlueDot est assez simple : un programme analytique de surveillance des maladies qui utilise des techniques de traitement du langage naturel passe au crible toutes les informations sanitaires disponibles sur Internet. Kahn précise que : « ce que nous avons fait, c’est utiliser le traitement du langage naturel et le machine learning pour entraîner ce moteur à repérer les épidémies naissantes. Notre modèle est capable de faire la différence entre une épidémie d’anthrax qui démarre en Mongolie ou un concert du groupe de heavy metal Anthrax ».

Dans le cas du coronavirus chinois, James Lawler, spécialiste des maladies infectieuses au centre médical de l’université du Nebraska, estime que : « l’épidémie de coronavirus de Wuhan est probablement beaucoup plus importante que ce que les responsables chinois disent actuellement. Le simple fait de calculer le nombre de voyageurs en provenance de Chine dans le reste du monde, entre décembre et janvier 2020, c’est énorme ». À ce propos, depuis quelques jours Facebook limite les voyages de ses employés en Chine.