Le Royaume-Uni est en passe de durcir sa législation numérique afin de mieux protéger les enfants. Que ce soit les petites entreprises ou les géants de la tech, tous vont devoir se plier aux nouvelles réglementations sous peine de lourdes amendes.

Protéger les enfants dans le monde numérique également

Il existe des lois pour protéger les enfants dans le monde réel : la classification des films, les sièges auto, les restrictions d’âge pour boire ou fumer… Nous avons également besoin que nos lois protègent les enfants dans le monde numérique”, a déclaré Elizabeth Denham, la commissaire britannique à l’information. “Dans une génération, nous regarderons en arrière et trouverons étonnant que les services en ligne n’aient pas toujours été conçus en pensant aux enfants”, a-t-elle continué.

En effet, dès lors qu’ils se rendent sur Internet, les plus jeunes sont aussi, si ce n’est plus, vulnérables que les adultes. En novembre dernier, une faille de sécurité sur une montre connectée exposaient les données de localisation de 5 000 enfants… et les géants de la tech peuvent aussi être blâmés : YouTube Kids a par exemple été pointé du doigt pour avoir récolté les données d’enfants de moins de 13 ans.

Baptisé Age Appropriate Design Code, cette nouvelle réglementation sera bientôt présentée au Parlement qui ne devrait pas la modifier, puisque c’est ce dernier qui a demandé des mesures plus strictes sur Internet pour mieux protéger les jeunes.

15 mesures à respecter

Le Code contient 15 mesures qui devront être respectées par les applications, les jouets connectés, les réseaux sociaux, les jeux en ligne, les services de streaming ainsi que les sites d’éducation. Si elles ne sont pas appliquées, alors les entreprises risqueront une amende pouvant aller jusqu’à 4% de leur chiffre d’affaires. Pour les géants de la Silicon Valley, cela pourrait représenter plusieurs milliards de dollars.

Il leur sera notamment interdit de pousser les enfants à divulguer des informations personnelles, de partager ou de diffuser leur localisation ou encore d’utiliser leurs données personnelles pour le ciblage publicitaire. Par ailleurs, les entreprises ne pourront plus proposer du contenu violent ou à caractère sexuel aux jeunes, même si cela correspond à leurs recherches en ligne. Cette mesure est dans la lignée de la décision d’Instagram de supprimer tous les contenus montrant de l’automutilation, après le suicide d’une adolescente britannique qui passait beaucoup de temps sur le réseau social.

Les lobbies rétorquent… en vain

Bien sûr, les entreprises ne sont pas restées silencieuses et ont rétorqué à travers des campagnes de lobbying que ces nouvelles réglementations ne seraient pas efficaces, et poseraient de nouveaux problèmes. Par exemple, elles estiment qu’elles devront récolter encore plus de données afin d’identifier l’âge des utilisateurs, ou encore qu’elles seront contraintes de limiter leur créativité sur ce qui peut être proposé aux enfants… Selon certaines firmes, ces mesures empêcheraient la monétisation et donc les services gratuits ne seraient plus disponibles pour les plus jeunes.

Malgré ces plaintes, le Royaume-Uni reste ferme et place la sécurité des enfants avant tout, en suggérant par exemple d’appliquer les mêmes standards à tout le monde pour éviter de devoir identifier l’âge de chacun des utilisateurs. Les réglementations de ce type sont de plus en plus courantes à travers le monde. Au fil des années et des scandales, les autorités se rendent compte des effets dévastateurs d’un mauvaise usage d’Internet, en particulier chez les plus jeunes, et agissent en conséquence pour les contrer… Les entreprises auront 12 mois pour s’adapter à ces réglementations, qui devraient entrer en vigueur courant 2021 outre-Manche.