La Commission européenne serait sur le point de bannir l’usage de la reconnaissance faciale dans les lieux publics sur une durée de trois à cinq ans. Craignant les déviances de cette technologie, elle préfère tout mettre en œuvre pour la réguler et la contrôler avant de la déployer à grande échelle.

Une technologie en plein boom… mais pas toujours fiable

On ne présente plus la reconnaissance faciale, une technologie en plein boom. Largement utilisée dans certains pays comme la Chine, qui prévoit même de construire une super-caméra pour la perfectionner, elle soulève toutefois des questions éthiques et peut empiéter sur la vie privée des citoyens.

L’utilisation de la reconnaissance faciale évolue certes de manière fulgurante, notamment en Europe, mais elle n’est pour le moment pas fiable à 100 %. Aux États-Unis par exemple, une étude a révélé qu’elle identifiait beaucoup moins efficacement les personnes de couleur ou d’origines asiatiques, tandis que des chercheurs sont parvenus à la duper en utilisant de simples masques 3D. Par conséquent, l’Europe serait en train de réfléchir à une manière d’utiliser les bienfaits de ce système tout en laissant de côté ses dérives.

Bâtir un modèle européen

Le site Euractiv est parvenu à se procurer un extrait de 18 pages d’un livre blanc sur l’usage de l’intelligence artificielle, qui devrait paraître dans son intégralité au mois de février. On y découvre notamment que l’Union européenne envisage d’interdire l’usage de la reconnaissance faciale dans les lieux publics pour une durée de trois à cinq ans. Cette réglementation a pour but de mieux réguler son utilisation et d’établir “une méthodologie solide pour évaluer les impacts de cette technologie et d’éventuelles mesures de gestion des risques pourrait être identifiée et développée”.

En effet, l’UE souhaite protéger la liberté de ses citoyens et leur garantir “de ne pas faire l’objet d’une décision fondée uniquement sur un traitement automatisé, y compris le profilage”. Afin de réglementer le déploiement de la reconnaissance faciale, l’UE pourrait demander aux développeurs de se plier à des codes éthiques lorsqu’ils conçoivent les algorithmes, mais également mettre en place de nouvelles lois à respecter pour les organismes publics et privés qui s’en servent.

Au mois de novembre dernier, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) rappelait à quel point il était important de “bâtir un véritable modèle européen face aux usages parfois débridés ou déraisonnables de la reconnaissance faciale à travers le monde”.

Respecter l’humain

Interrogé par The Guardian, un porte-parole de la Commission européenne a souligné que l’Europe devait se servir des bénéfices de l’intelligence artificielle dans de nombreux domaines, tels que l’agriculture ou encore le domaine de la santé, tout en respectant la vie privée des habitants. “Pour maximiser les avantages et relever les défis de l’intelligence artificielle, l’Europe doit agir comme une seule entité et définir sa propre voie, une voie humaine. La technologie doit servir un but et les gens. La confiance et la sécurité des citoyens de l’UE seront donc au cœur de la stratégie de l’UE”, a-t-il expliqué.

Si elle est appliquée, cette interdiction freinerait certains pays dans leur utilisation de la reconnaissance faciale. C’est notamment le cas de l’Allemagne, qui avait prévu de déployer prochainement la technologie dans 134 gares et 14 aéroports.