Alors qu’il est sur le point de disparaître avec seulement deux spécimens femelles encore vivantes, le rhinocéros blanc du Nord pourrait être sauvé grâce à l’effort des scientifiques. Ces derniers sont parvenus à féconder un troisième embryon en utilisant du sperme congelé d’un mâle décédé.

Une espèce décimée par le braconnage

Autrefois présent au Soudan, au Tchad, en République démocratique du Congo, au Kenya ou encore en Centrafrique, le rhinocéros blanc du Nord a été décimé à cause des conflits armés, mais surtout du braconnage. Convoitée pour son ivoire, la sous-espèce ne compte plus que deux spécimens, les femelles Fatu et Najin, qui se trouvent actuellement dans la réserve d’Ol Pejeta au Kenya. Le dernier mâle, Sudan, a été euthanasié en 2018 à cause de nombreuses maladies dues à sa vieillesse.

Dans les années 70, près de 20 000 rhinocéros foulaient les terres du Kenya, ils ne sont aujourd’hui plus que 650, et il s’agit principalement de rhinocéros noir, rappelle Reuters. Néanmoins, tout n’est pas perdu pour le rhinocéros blanc du Nord, puisqu’une collaboration à échelle internationale met tout en œuvre pour préserver l’espèce.

Cette dernière inclut le laboratoire Avantea en Italie, le gouvernement kenyan, la réserve d’Ol Pejeta, le zoo Dvůr Králové en République tchèque et l’Institut Leibniz, spécialisé en recherche zoologique et sur la vie sauvage, qui se situe en Allemagne.

La science pour sauver le rhinocéros blanc du Nord

Au mois de décembre 2019, les scientifiques sont parvenus à prélever neuf ovocytes sur les femelles Fatu et Najin en pratiquant une anesthésie générale. Cinq ont été inséminés avec le sperme d’un mâle décédé appelé Suni, et l’un d’entre eux s’est développé en embryon, il est désormais préservé dans du nitrogène liquide. Cela apporte le total d’embryons viables à trois, les deux précédents ayant été créés en août 2019.

L’étape suivante pour les chercheurs est de trouver des mères porteuses pour ces embryons, qui seront probablement des rhinocéros blanc du Sud. Cette autre sous-espèce compte environ 18 000 individus se trouvant majoritairement en Afrique du Sud.

Un nouvel espoir

“C’est incroyable de voir que nous allons pouvoir inverser la perte tragique de cette sous-espèce grâce à la science”, a déclaré Najib Balala, ministre kényan de la faune. D’ailleurs, les chercheurs espèrent également pouvoir utiliser le sperme congelé de Sudan pour de futures inséminations.

Le but final de ce plan de préservation est de créer un troupeau d’au moins cinq spécimens afin de les réintroduire dans leur habitat naturel. Cela s’annonce particulièrement difficile et pourrait prendre des décennies, mais les débuts sont encourageants pour le rhinocéros blanc du Nord.