Alors que la société Cambridge Analytica est fermée depuis plusieurs mois, une nouvelle fuite dévoile le « travail » de l’entreprise dans 68 pays à travers la publication de plus de 100 000 documents compromettants. Un mystérieux compte anonyme du nom de @HindsightFiles révèle au fil des jours les rouages internes de l’entreprise. Ce scandale ne s’est pas arrêté aux frontières des États-Unis.

Nous découvrons l’ampleur de ce scandale

D’après le Guardian, ces documents montrent l’infrastructure mondiale d’une entreprise qui aura consacré toute son énergie à manipuler des électeurs à une « échelle industrielle ». Les conséquences du scandale Cambridge Analytica telles que nous les connaissons pourraient donc être bien pires. La personne qui se trouve derrière ce compte Twitter « anonyme » a commencé à publier de premières révélations le 2 janvier. Parmi les nombreux tweets, nous retrouvons des liens vers des documents sur les élections en Malaisie, au Kenya ou au Brésil.

Certaines sources ont affirmé que ces documents provenaient de Brittany Kaiser, une ancienne employée de Cambridge Analytica devenue dénonciatrice de premier ordre. Une partie des documents seraient ceux cités dans l’enquête de Robert Mueller sur « l’ingérence russe » dans l’élection présidentielle de 2016. Brittany Kaiser aurait donc décidé de rendre son enquête publique après l’élection du mois dernier en Grande-Bretagne. Elle a déclaré ceci : « il est évident que nos systèmes électoraux sont ouverts aux abus. J’ai très peur de ce qui va se passer lors des élections américaines de cette année, et je pense qu’une des rares façons de nous protéger est de diffuser le plus d’informations possible ».

100 000 documents supplémentaires vont être publiés

Pour bien comprendre ce scandale, il faut tout d’abord revenir quelques années en arrière. Nous voici donc en 2014 à l’université de Cambridge. Des chercheurs du Centre psychométrique de l’université ont développé une technique pour comprendre le profil psychologique d’une personne seulement grâce à son activité sur Facebook, notamment en fonction de ce qu’il « like ». Cambridge Analytica, s’intéresse à ces travaux et les approche pour travailler avec eux. Le centre refuse… à l’exception d’un professeur en psychologie de l’université, le russo-américain Dr Aleksandr Kogan. La machine était lancée.

Brittany Kaiser est en train de prouver que le scandale Cambridge Analytica n’est pas simplement cantonné aux États-Unis. En effet, elle a déclaré qu’il y avait des milliers et des milliers de pages supplémentaires qui montraient une certaine « profondeur du travail qui allait bien au-delà de ce que les gens pensent savoir sur le scandale de Cambridge Analytica ».

Ces documents risquent de bousculer les États-Unis en pleine élection présidentielle, car ils exposent les dessous de la machinerie de l’argent noir derrière la politique américaine. D’après Emma Briant, une universitaire du Bard College de New York, a eu accès à certains des documents pour ses recherches. Elle a déclaré que ce qui avait été révélé n’était que « la partie émergée de l’iceberg« . Elle précise que : « les documents révèlent beaucoup plus clairement ce qu’il s’est réellement passé lors de l’élection présidentielle américaine de 2016, ce qui a une énorme influence sur ce qui se passera en 2020 ».