Tandis qu’une enquête se déroule aux États-Unis, suspectant la Chine et la Russie de collecter des informations sur les citoyens américains pour les revendre à leur gouvernement, un membre du Congrès interpelle Apple et Google dans une lettre datant du 13 décembre, rapporte Reuters. Ce représentant démocrate du Massachusetts demande aux deux géants d’informer le Congrès sur la manière dont ils recrutent leurs développeurs, et sur leurs liens avec les gouvernements étrangers.

Une demande qui fait suite aux suspicions des États-Unis contre la Chine et la Russie

Dans chacune des lettres adressées aux dirigeants de Google, et Apple, Sundar Pichai et Tim Cook, Stephen Lynch, membre du Congrès interroge officiellement les deux firmes sur leurs relations avec les gouvernements et développeurs étrangers. Celles-ci n’ont, à ce jour, pas encore répondu.

Est-ce que Google et Apple prennent suffisamment de précautions avec les entreprises et les développeurs qui travaillent pour eux. Telle est la question générale posée par le sénateur. Et plus précisément, si les développeurs étrangers recrutés sont contraints de renseigner les firmes sur leurs liens avec les gouvernements étrangers. Cette demande est justifiée selon Stephen Lynch par le nombre d’applications Apple et Google développées en-dehors des États-Unis.

Si la requête parait quelque peu effarante, Stephen Lynch n’en est pas moins sérieux. Rappelant que le rôle du Congrès consiste à protéger les citoyens.

Cette lettre apparaît dans un contexte plutôt tendu, certaines applications étant déjà soupçonnées par la justice américaine de récolter insidieusement des données sur les citoyens américaines, pour ensuite les transmettre ou les revendre à leurs gouvernements. C’est le cas de TikTok, Grindr et FaceApp, appartenant à la Chine et à la Russie.

Des applications utilisées à mauvais escient

TikTok, auparavant accusé de censure, est désormais sous le coup d’une enquête pour divulgation d’informations, à laquelle s’est ajoutée une plainte il y a peu.

Au printemps 2019, Le Comité pour l’investissement étranger aux États-Unis (CFIUS), craignait que Kunlun Tech spécialiste de jeux en ligne ne prenne le contrôle de Grindr. Tandis que le groupe chinois devait devenir majoritaire à 60 %, l’administration a alors fait pression pour que l’application soit revendue. De nombreux abus avaient déjà été reliés à l’utilisation de celle-ci. En 2018 le New York Times  révélait le partage de données aussi sensibles que le statut VIH des utilisateurs, ou leur géolocalisation à des prestataires. Dans certains pays, où l’homosexualité est encore bannie, certains utilisateurs avaient ainsi été arrêtés pour délit de débauche par des policiers.

FaceApp quant à elle, est considérée par le FBI comme une menace pour la sécurité nationale. À noter que la politique de vie privée de cette application fondée sur la reconnaissance faciale, n’est pas conforme au RGPD, selon lequel un citoyen européen doit « disposer du même niveau de protection vie privée quel que soit le pays où ses données transitent« , rapportait le Figaro en juillet 2019. Outre la collecte de données, l’utilisateur donne son accord pour abandonner ses droits d’usage des photos prises avec FaceApp. Rappelons tout de même que le problème se pose aussi avec Twitter Snapchat et Facebook… tous considérant que toute publication consentie devient ensuite la propriété de chaque application.