Le cabinet Forrester établit ses prévisions pour le cloud computing en 2020. Cinq grandes tendances semblent se dessiner suite aux évolutions marquantes de 2019. Toutes au profit des géants numériques semble-t-il.

2020, une année charnière

Les entreprises utilisaient le cloud essentiellement pour « créer de nouvelles applications et réhéberger leur infrastructure. En 2020, les leaders mondiaux du cloud public à grande échelle formeront de nouvelles alliances et se recentreront sur leurs capacités de base, conduisant les fournisseurs d’applications professionnelles à abandonner leurs infrastructures propriétaires ».

Les entreprises utilisent le cloud computing pour transformer radicalement la manière dont sont créés les logiciels. Les technologies sont également davantage utilisées pour satisfaire davantage le client, notamment pour améliorer la personnalisation du client.

Le marché du cloud public n’a de cesse de se déployer, et devrait atteindre les 411 milliards de dollars d’ici 2022. En 2020, l’étude prévoit une croissance de 30% de celui-ci. Si les entreprises utilisaient jusqu’ici les applications et les infrastructures d’hébergement, les choses risquent d’évoluer de manière radicale en 2020, véritable année charnière selon Forrester.

La bataille des géants

Cette année 2019 a permis d’assister à plusieurs transactions de taille, laissant entrevoir les directions appréhendées par les grands groupes pour tenter de se positionner de manière rentable sur le marché du cloud.

Parmi les transactions récentes, Forrester ne manque pas de rappeler le dernier achat d’IBM. Pour la « modique » somme de 34 milliards de dollars la firme a en effet récupéré cette année Red Hat, considéré comme « le numéro un de l’open source ». Ginni Rometty, PDG de l’entreprise, avait alors expliqué que ce rachat était un réel « tournant » faisant d’IBM « le premier fournisseur mondial du cloud hybride ».

Aussi IBM, et Oracle, qui est entré en partenariat avec Microsoft en 2019 pour créer une passerelle entre leurs services cloud, ont choisi de concentrer leurs efforts sur le service cloud entreprise. Reconnaissant ainsi que Google, Alibaba et bien sûr Amazon Web Services dominent désormais le marché du cloud public.

IBM compte aider les entreprises à utiliser OpenShift en tant que service complet permettant de gérer l’infrastructure des sociétés clientes. Oracle pour sa part, compte développer les services SaaS (Software as a Service) offrant ainsi un domaine d’exploitation pour différents logiciels utilisés par les entreprises et hébergés dans le cloud. Dans le cadre de son partenariat avec Microsoft, il recommandera Azure pour les services de développement en intelligence artificielle (IA), en apprentissage automatique (machine learning/ML), et pour les services IoT (objets connectés).

Quant aux fournisseurs d’applications professionnelles, il semblerait qu’ils finissent par abandonner leurs infrastructures propriétaires, ne pouvant lutter face aux alliances citées plus haut. Ils devront se concentrer sur leurs compétences de base, autrement dit la fonctionnalité des applications.

Les tendances des ventes sur le marché Hyperscale

En matière de ressources utilisées dans les data centers, les géants du Web continueront de se partager le gâteau, avec quelques évolutions toutefois, selon Forrester. Sur les 75% du marché détenu par les géants numériques, le cabinet prévoit une hausse des ventes d’Alibaba (à hauteur de 4,5 milliards de dollars), dépassant ainsi son concurrent Google à l’échelle mondiale. La firme de Mountain View devrait néanmoins garder sa troisième place sur le marché américain, Alibaba étant peu présent en Amérique du Nord.

Le HPC monte en flèche

Le service cloud nécessite de plus en plus de pouvoir traiter les données en temps réel, notamment pour tester de nouveaux produits ou analyser les tendances des marchés financiers. À cet égard, de plus en plus d’entreprises font appel au calcul de haute performance (High Performance Computing/HPC). La solution HPC permet en effet de traiter plusieurs quadrillons de calculs par seconde, contre 3 milliards de calculs par seconde pour un ordinateur avec un processeur normal.

Compte tenu de son utilisation en hausse depuis 2016, et du déploiement des services cloud, le cabinet Forrester parie tout naturellement sur une hausse des investissements en HPC de la part d’AWS, Azure, et Google notamment.

Des leaders sur le marché de la virtualisation de système d’exploitation

Depuis plusieurs années, l’orchestration de containers en open source est nécessaire aux entreprises. Ce type de service leur permettant de se focaliser sur le fonctionnement des applications, et d’automatiser certaines mises à échelle.

Si la plateforme Kubernetes, créée par Google en 2016, semble avoir littéralement inondé le marché, Forrester nomme l’émergence de nouveaux acteurs, parmi lesquels Consul Connect, Gloo, Kuma, Linkerd 2, Maesh, et SOFAMesh.

Néanmoins, le cabinet indique qu’Istio tire son épingle du jeu dans le domaine du « Service Mesh », pour garantir et monitorer la communication entre services. Or ce service nait d’une collaboration entre IBM et Google… Même chose pour Knative dans le « severless », lancé par Google et conçu pour utiliser Kubernetes, ça tombe bien. Google semble donc bien parti pour garder la main mise sur le secteur.

Un renforcement de la sécurité

C’est sans surprise que l’étude conclut à un renforcement des offres pour sécuriser le cloud, et ainsi éviter la fuite des données, sur le cloud privé, comme le public.