Genius, qui, pour ceux qui ne le connaissent pas, est un site de retranscription des paroles, poursuit Google en justice, demandant à la firme de Mountain View 50 millions de dommages et intérêts. Google ayant pris l’habitude d’afficher les aperçus des pages que les utilisateurs s’apprêtent à regarder, le site Genius considère pour sa part que cela lui coûte des visites, et donc de l’argent.

Une perte de trafic pour Genius

L’affaire ne date pas d’hier, en avril 2019, Genius accusait Google de lui voler son travail en affichant des aperçus des paroles, sans même citer l’origine de leur transcription. Le litige n’ayant pas été véritablement résolu, le 3 décembre dernier, Genius a déposé plainte contre Google, rapporte The Verge, pour perte de trafic.

Il est vrai qu’en cherchant les paroles d’une chanson sur Google, on tombe directement sur les aperçus, qui, contenant bien souvent le premier refrain, nous suffit à obtenir le couplet ou la rime que l’on cherchait. Genius considère donc qu’étant « l’auteur » des transcriptions, il n’est pas normal de perdre le trafic qu’il est censé générer à partir de son travail.

En juin dernier, The Wall Street Journal rapportait un stratagème élaboré par Genius, pour piéger Google, qui, en réponse aux accusations de Genius, prétendait récupérer les aperçus des paroles depuis d’autres sites également, faisant parfois même un mélange. Le site parolier avait alors incrusté des apostrophes à des endroits bien précis de leurs transcriptions. Apostrophes qui, devinez-quoi, apparaissaient toutes aux mêmes endroits dans les aperçus de Google. Le site parolier avait ainsi pris la firme de Mountain View, « la main dans le sac ».

La trop grande puissance de Google

Toutefois, Google n’est pas si facile à intimider… et la société avait tout simplement rappelé que la diffusion des paroles, est légale, puisque soumise à une licence. En outre, Genius, ne fait que retranscrire ces paroles, il n’en pas l’auteur, et a fortiori, celles-ci ne lui appartiennent pas. Le site parolier est d’ailleurs lui aussi dans l’obligation d’avoir une licence.

Aussi, le cas Genius n’apparait pas très solide aux yeux de John Bergmayer, spécialisé dans les questions légales de domaine public, et interrogé par The Verge. Il explique toutefois que Google devrait prendre plus au sérieux ce genre d’accusation, rappelant qu’il est désormais impliqué dans une multitude de cas de ce genre. Le groupe est « trop grand » et « trop puissant », selon lui, et finit par « envahir l’atmosphère ».

Difficile de ne pas penser en observant cette affaire à la bataille du droit voisin en Europe. Les journaux ont tenté successivement, en Allemagne, en Espagne, et en France de faire valoir leur droit d’auteur, en expliquant que Google devait leur rémunérer une somme d’argent pour utiliser les extraits de leurs articles – dont ils sont réellement les auteurs pour le coup – dans les aperçus. La bataille semble pourtant définitivement être perdue, en raison, en effet, de la trop grande puissance de Google, qui s’est contenté d’expliquer qu’au lieu de payer les journaux, il cesserait de diffuser leur contenu. Délicieux chantage.

La firme de Mountain View, actuellement sous les feux d’une enquête anti-trust aux États-Unis, est suspectée, entre autres, d’avoir des pratiques anticoncurrentielles. Il apparait évident dans tous les cas, que la taille du groupe lui permet d’asseoir son autorité à tout moment, et de faire la pluie et le beau temps…