L’Union européenne a enfin validé la mission Hera de l’Agence spatiale européenne (ESA). Une sonde va ainsi être envoyée vers Didymos, un astéroïde potentiellement dangereux. Elle nous aidera à savoir s’il est possible de dévier un tel objet céleste, et donc d’empêcher une éventuelle collision avec l’un d’entre eux.

Un système de défense planétaire

C’est un jour historique pour l’ESA. Sa mission Hera a enfin été approuvée par les ministres des 22 États membres de l’Agence spatiale. En 2016, une mission similaire baptisée AIM avait été refusée. Décrit comme la “première expérience d’un système de défense planétaire” et mené en partenariat avec la NASA, ce projet a pour but de savoir si l’humanité est capable de dévier un astéroïde.

C’est le système astéroïde binaire Didymos qui a été choisi pour cette incroyable expérience. Ce géocroiseur potentiellement dangereux est en fait composé de deux objets : le plus imposant mesure 800 mètres, tandis qu’une lune astéorïdale de 160 mètres et baptisée Didymoon orbite autour de celui-ci. À titre de comparaison, cette dernière fait à peu près la même taille que la pyramide de Gizeh. Si ces astéroïdes venaient à entrer en collision avec la Terre, l’impact serait plus important que l’explosion de la plus puissante des armes nucléaires, comme le souligne Space.com.

Se préparer pour éviter le pire

En 2021, la sonde DART (Double Asteroid Redirection Test) de la NASA sera lancée vers Didymos afin de s’écraser une année plus tard sur Didymoon à 6 kilomètres par seconde. Cette collision aura pour effet de le dévier de sa trajectoire orbitale. Le rôle de la mission Hera, qui devrait être lancée en 2024, sera par la suite d’enquêter sur le lieu du crash, afin d’en déterminer les conséquences grâce à deux CubeSats. Ces petits satellites pourront voler juste à côté de l’astéroïde afin d’obtenir des données capitales.

Hera est plus que nécessaire, car les prédictions des scientifiques ne sont pas toujours justes. Lorsque la sonde japonaise Hayabusa2 s’est posée sur l’astéroïde Ryugu, l’impact du cratère était de 10 mètres de large. C’est bien plus que les estimations des chercheurs, qui pensaient qu’il mesurerait entre 1 et 2 mètres. Selon l’astrophysicien Brian May, les résultats des missions DART et Hera “pourraient un jour être cruciaux”.

Néanmoins, les risques qu’un astéroïde de la taille de Dydimos percute la Terre restent très minimes. Il existe tout de même plus de 21 000 astéroïdes géocroiseurs qu’il faut garder sous surveillance, comme l’explique le chercheur allemand Holger Sierks. D’une ampleur inédite, cette expérience va pouvoir nous préparer au pire des scénarios possibles.