Dans une étude paru le 27 novembre, des chercheurs ont expliqué avoir développé une bactérie E.coli (Escherichia coli de son nom scientifique) capable de se nourrir de dioxyde de carbone pour produire du carbone organique. Seule la modification de 11 gènes a abouti à ce résultat.

Il n’est en revanche pas question, pour le moment, d’une bactérie capable d’absorber le CO2 contenu dans l’atmosphère. Pour la simple et bonne raison que la bactérie E.coli mangeuse de CO2 rejette plus de CO2 qu’elle n’en consomme. Bien dommage quand on sait que la quantité de CO2 dans l’atmosphère n’a jamais été aussi élevée.

Selon les chercheurs à l’origine de l’étude, l’E.coli autotrophe selon sa désignation scientifique, le carbone organique créé par la bactérie pourrait être utile dans la fabrication de biocarburant ou d’aliment, avec des émissions de CO2 plus faibles que selon les processus actuels.

Pour parvenir à leurs résultats, les chercheurs ont mélangé des techniques du génie génétique et de l’évolution encadrée en laboratoire. L’E.coli a cet avantage de se multiplier très vite, le nombre d’E.coli peut doubler en 20 minutes seulement, favorisant ainsi des mutations, sous l’influence des scientifiques.

Le processus de création de la bactérie mangeuse de CO2

La manipulation génétique est la première étape. C’est elle qui donne à la bactérie la capacité de convertir le CO2 en carbone organique. Ces manipulations n’ont toutefois pas suffi pour que la bactérie ingère du CO2 plutôt que du sucre, ou du glucose, son repas favori.

Les chercheurs ont donc cultivé des générations successives d’E.coli pendant un an dans une situation bien particulière. En limitant les apports en sucre et en exposant les bactéries à du CO2, 250 fois plus concentré que dans l’atmosphère terrestre.

Au bout de 200 jours, les premières cellules capables d’utiliser le CO2 comme source de carbone sont apparues. 100 jours plus tard, ces dernières ont pris le pas sur les autres, dont la consommation était limitée. Les bactéries modifiées préfèrent toujours le sucre si elles ont la possibilité de choisir, mais elles sont bel et bien devenues des dévoreuses de dioxyde de carbone.

Ce n’est pas la première fois qu’une souche d’E.coli est capable de consommer du CO2. La même équipe, dès 2016, était parvenue à un résultat similaire, mais moins intéressant, le CO2 n’étant qu’une fraction de l’apport en carbone de l’organisme.

Mieux connaître cette bactérie du corps humain

L’E.coli est surtout connu du grand public pour ses germes pathogènes et les maladies qu’elle peut provoquer, gastro-entérites, infections urinaires, méningites, etc. En réalité, la majorité de ses souches sont inoffensives, et la bactérie est très utile au corps humain, elle compose 80% de la flore intestinale.

La bactérie sert déjà, par ailleurs, pour fabriquer synthétiquement des produits chimiques très utiles à l’homme comme l’insuline ou l’hormone de croissance humaine. Avec cette nouvelle capacité d’ingérer du CO2, les produits que pourra fabriquer la bactérie vont se multiplier, mais ce n’est pas pour tout de suite, préviennent les auteurs de l’étude.

Ces derniers veulent à présent faire croître leurs bactéries autotrophes plus rapidement, avec 10% de CO2 dans l’atmosphère elle double sa population en 18 heures, et au niveau actuel de CO2 dans l’atmosphère, 0,041%, les bactéries ne peuvent survivre. Les scientifiques veulent également mieux comprendre comment la bactérie a évolué pour ingérer du CO2.