Finalement, Twitter est une entreprise comme une autre : après un bad buzz sur Twitter, la compagnie préfère renoncer à ses projets. L’annonce avait été faite mardi, Twitter comptait supprimer tous les vieux profils inactifs le 12 décembre. Le réseau social avait juste oublié un détail : un compte inactif ne signifie pas nécessairement que l’utilisateur s’en est désintéressé. Il existe aussi le cas délicat des comptes de personnes décédées.

De nombreuses voix s’étaient faites entendre pour critiquer ce projet. Techcrunch a publié une émouvante tribune de Drew Olanoff suppliant Twitter de ne pas supprimer le compte de son père disparu il y a 4 ans : « Je lis toujours ses tweets, et de temps en temps je les partage sur ma timeline. C’est ma façon, bizarre ou pas, de me souvenir de lui. Garder son esprit en vie. Ses tweets sont des moments de vie qu’il a partagé avec le monde entier. »

Face à la fronde des utilisateurs, Twitter ajourne son projet. La compagnie précise qu’elle ne lancera l’opération de suppression des comptes inactifs qu’une fois qu’elle aura trouvé les moyens d’offrir une sépulture numérique aux personnes décédées. « C’était un oubli de notre part », indique Twitter. « Nous nous excusons pour la confusion et les inquiétudes que nous avons causées et nous vous tiendrons au courant ».

Cette polémique nous rappelle que contrairement à Facebook, Twitter ne possède pas de fonctionnalités pour honorer la mémoire des personnes disparues. Selon les règles actuellement en vigueur, le site permet la désactivation d’un profil d’une personne décédée si un parent ou un proche est en mesure de prouver son identité. Il n’est par contre pas possible pour un proche de prendre le contrôle du compte de la personne disparue, s’il n’en a pas les codes d’accès. Il est ainsi impossible de télécharger une archive des tweets de ce compte (Internet Archive s’était proposé pour faire ce travail).

Facebook devient progressivement un cimetière digital

Facebook a depuis longtemps réfléchi à ces questions. Le réseau social a lancé en 2015 des « comptes de commémoration«  qui permettent aux familles d’honorer la mémoire des disparus. « Si un membre de la famille ou un ami proche nous en fait la demande, notre politique est de transformer le compte d’une personne décédée en compte de commémoration », détaille Facebook. « Les comptes de commémoration permettent aux amis et à la famille de se réunir et de partager des souvenirs après le décès d’une personne. »

Facebook pourrait rapidement se transformer en un véritable cimetière digital. D’après une étude du groupe Big Data & Society, le réseau social de Mark Zuckerberg devrait atteindre les 1,4 milliard d’utilisateurs décédés en 2100. Près de 98% de la population de Facebook devrait disparaître d’ici à la fin du siècle et le nombre de morts dépasser celui des vivants en 2070.

Du fait de sa pyramide des âges différente et de la liaison plus ténue entre identité virtuelle et numérique, Twitter est moins directement confronté à cette problématique que Facebook. Il aura fallu attendre cette polémique autour de la suppression des comptes inactifs pour que l’entreprise soit forcée de se pencher sur la question. À l’origine, le projet de Twitter de supprimer les vieux comptes devait permettre « de présenter des informations plus précises et plus crédibles sur lesquelles les utilisateurs peuvent se fier » et d’empêcher le piratage de ces comptes inactifs. RIP petit projet parti trop tôt.