ProPublica est un organisme non lucratif basé à New York, plus précisément on peut le définir comme une salle de presse indépendante, spécialisée dans les enquêtes d’intérêts publiques. Alors que l’on découvrait, il y a peu, les nouveautés en matière de design de la plateforme YouTube, le géant est mis à mal aujourd’hui par ProPublica, qui dénonce ses pratiques.

ProPublica aurait trouvé plus de 50 chaînes concernées

Tout est parti d’une émission de discussion politique russe intitulée « 60 minutes ». Diffusée à la télévision puis publiée sur YouTube, cette émission est « financée en tout ou en partie par le gouvernement russe ». Ainsi, en étant publiée sur YouTube, la vidéo aurait dû se voir assener une étiquette expliquant ce lien. Mais cette dernière était absente lorsque la vidéo a été publiée. Comme le rapporte ProPublica, cela peut engendrer des confusions pour les spectateurs qui pourraient penser regarder un reportage partisan, alors qu’ils regardent un reportage aux commentaires nationalistes.

De la même façon, ProPublica dit avoir repérer 57 chaînes financées par différents états dont les vidéos ne comportent pas d’étiquettes. Sont notamment ici concernées des chaînes financées par les gouvernements d’Iran, de Russie, de Chine, de Turquie et du Qatar.

Cette absence d’étiquettes indique, selon Jennifer Grygiel, une professeure de l’université de Syracuse, que la priorité n’a pas été donnée sur la lutte contre la désinformation du côté de YouTube : « C’est un important problème quand les gens du monde entier ne savant pas quand ils interagissent avec les médias qui vivent grâce aux gouvernements. Tant que des sociétés comme YouTube n’auront pas de mandat, sous la forme de réglementation, la manière dont elles appliqueront leurs propres politiques restera imparfaite ».

En réponse, YouTube étiquette 35 chaînes concernées sur 57

Alors que ProPublica a dénoncé les pratiques de YouTube à propos d’exactement 57 chaînes YouTube, très rapidement, ce dernier a étiqueté 35 de ces chaînes, y compris le programme russe « 60 minutes ». Un porte-parole de la plateforme de vidéos a également réagi, indiquant que les efforts de la société pour étiqueter les vidéos étaient importants et toujours en cours.

Cependant 22 chaînes listées par ProPublica n’ont pas été étiquetées. YouTube indique que c’est tout simplement parce que les vidéos de ces chaînes contiennent différents types de contenus et surtout que pour être étiquetées, ces chaînes doivent appartenir à des éditeurs de presse, autrement dit à des médias, qui sont financés par l’État.

Ce système d’étiquettes a été déployé par YouTube en février 2018, pour permettre aux spectateurs d’identifier plus facilement les médias financés par l’État. Ce n’est, cependant, pas la première fois que des soucis liées à ces mentions absentes sont constatés sur YouTube.

Plus récemment, c’est Facebook qui a eu la même démarche : en effet, le réseau social a commencé à étiqueter les pages des médias et publicités étant « sous le contrôle de l’État », un bon moyen de faire le tri entre les différentes sources d’informations, mais aussi de permettre à ses utilisateurs de reconnaître une information engagée ou non. Pour l’ensemble des réseaux sociaux, ce système d’étiquettes reste un enjeu important lorsqu’il s’agit de lutter contre la désinformation, surtout lorsqu’on pense aux élections américaines de 2020 qui approchent.