Ces dernières semaines, le programme spatial de la Chine annonçait les objectifs sur le long-terme des vols spatiaux. Le pays ambitionne notamment d’établir une zone économique « Terre-Lune » d’ici 2050. Le plan révélé lors d’un séminaire organisé le 30 octobre 2019 sur l’économie de l’espace, pourrait, en cas de succès, avoir un impact considérable sur l’avenir de l’exploitation de l’espace dans les prochaines décennies.

La conquête spatiale de la Chine

Bao Weimin, directeur de la Commission des sciences et technologies de la Société aérospatiale chinoise pour les sciences et la technologie, a déclaré étudier la fiabilité du potentiel économique d’un échange Terre-Lune. D’ici 2030, il promet des avancées technologiques permettant d’envisager un système de transport entre les deux planètes pour 2040. Si tel était le cas, la Chine se verrait alors en mesure de créer une zone économique entre la Terre et la Lune.

La volonté de la Chine souhaitant explorer, et exploiter « l’astre de la nuit » ne date pas d’hier. Dès 2016, Zhang Yulin, ancien directeur adjoint du programme spatial de la Chine déclarait s’y atteler. Depuis, de nombreuses actions ont été menées. Pour les plus récentes : on se souvient de l’alunissage du rover chinois Chang’e 4 sur la face cachée de la Lune, en janvier 2019, ou bien encore des graines de coton plantées sur le sol lunaire.

Au programme, le lancement de la fusée porteuse Longue Marche-5, utilisée pour envoyer la sonde Chang’e 5 en 2020, avec pour mission de ramener des échantillons de la Lune sur Terre. En 2030, il est prévu d’envoyer, cette fois, la fusée Longue Marche-9, qui devrait faciliter l’exploration humaine non seulement de la Lune, mais également de l’espace lointain, grâce à la construction d’une centrale solaire spatiale.

Un projet réalisable ?

Au cours des 16 dernières années, la Chine a effectué six vols habités vers la Lune. La pose de Chang’e 4 en janvier 2019 sur le bassin Aitken du pôle Sud de la Lune, a marqué les esprits. Ceci à tel point que certains chercheurs, comme Namrata Goswami, concluait dans le Courrier international à la fin de la domination américaine dans la conquête spatiale, déclarant que « l’ère Apollo » cédait désormais la place à « l’ère Chang’e 4 ».

D’autres tempèrent le succès de la Chine toutefois, rappelant que celle-ci a connu des échecs au cours des dernières années. Aussi, la sonde Chang’e 5 est en réalité une mission reconduite. Initialement prévue pour 2017, celle-ci fut rapidement avortée peu de temps après son lancement, pour cause de défaillance au second étage lors de l’allumage du moteur. Reportant ainsi la collecte des échantillons lunaires en 2020. Deux semaines auparavant, la Chine connaissait un autre échec avec Longue Marche-3, qui n’était pas parvenue à déposer le satellite de télécommunication ChinaSat-9A.

Ces déconvenues n’auront toutefois pas empêché la Chine d’envoyer cette année 27 missions orbitales (19 pour la Russie, 16 pour les États-Unis), et de mener à bien sa démonstration du 14 novembre dernier : afin de préparer le lancement d’un satellite en orbite autour de Mars, l’agence spatiale chinoise (CNSA) a testé son « atterrisseur martien » sur un terrain vague de Pékin. Simulant la gravité sur Mars, les équipes ont propulsé l’engin hors-sol pour tester son atterrissage : mission accomplie.

L’envoi d’une plateforme pour déployer un robot mobile sur le sol de la planète rouge devrait également avoir lieu en 2020. De quoi nous laisser rêveur…