Pour les adeptes de l’espace déjà blasés des photos de notre système solaire, voici venu le chant spatial. Le 18 novembre l’ESA a relayé sur son site internet et ses réseaux sociaux un « chant » de la magnétosphère de notre planète tiré d’une étude initialement publiée dans la Géophysical Research Letters. Ce chant digne d’une série B de science-fiction a été obtenu en transformant les fréquences des ondes magnétiques de notre planète, lors d’une tempête solaire en signaux audibles.

C’est Lucile Turc, ancienne astronome à l’ESA désormais en poste à l’Université d’Helsinki en Finlande, et son équipe qui est à l’origine de l’étude. Elle a été obtenue en compilant les archives de données récoltées par la mission spatiale Cluster.

La mission Cluster a été lancée en orbite en 2000 et est entrée en fonction en janvier 2001. Composée de quatre satellites, Cluster a pour mission d’observer les interactions entre les particules chargées électriquement émises par le vent solaire et la magnétosphère terrestre.

En étudiant les archives de Cluster entre 2001 et 2005, l’équipe d’astronomes a repéré les interactions de six tempêtes solaires avec la magnétosphère terrestre captée par les satellites. Lors de l’arrivée des particules de la tempête dans la région du bow shock, la frontière entre la magnétosphère et l’espace, la zone où sont ralenties les particules solaires, les scientifiques ont remarqué la libération d’ondes magnétiques beaucoup plus complexes qu’escomptée.

Après l’impact au niveau du bow shock les champs magnétiques terrestres comment à résonner à la fréquence des ondes, ce qui permet de propager la perturbation magnétique jusqu’au sol, « Nous nous attendions toujours à un changement de fréquence, mais pas à ce niveau de complexité » a expliqué Lucile Turc à l’ESA.

En période de tempête solaire, les fréquences du champ magnétique sont deux fois plus élevées et plus variées. Ce sont ces changements de fréquence que les astronomes ont rendus audibles pour produire ce son venu du ciel. En temps normal, le vent solaire ne produit rien de tel, il reste sur une fréquence unique :

Étudier les tempêtes solaires et leurs conséquences sur notre planète, et faire de la météorologie spatiale est primordial de nos jours, comme l’explique l’équipe d’astronome dans son étude : « Lorsque les tempêtes solaires sont dirigées vers la Terre, elles peuvent causer de grandes perturbations dans l’espace spatial proche de la Terre, par exemple en perturbant les communications ou en endommageant l’électronique des engins spatiaux. Comprendre en détail ce qui se passe lorsque des tempêtes solaires atteignent la Terre est crucial pour atténuer leurs effets ».

Les champs magnétiques sont omniprésents dans l’espace, aussi mieux comprendre les interactions complexes observées au moment de la rencontre de la tempête solaire et de la magnétosphère pourrait permettre de mieux comprendre notre univers. L’ESA compte aller plus loin dans l’étude des tempêtes solaires et leurs trajets jusqu’à notre planète, grâce à une nouvelle mission prévue pour février 2020, Solar Orbiter.