Le département du ministère de l’Intérieur australien espère pouvoir utiliser le service de reconnaissance faciale ou plus précisément de scan des visages, ainsi que la certification de documents dans l’ensemble des secteurs de l’économie. Il souhaiterait faire intervenir ce système de vérification pour notamment s’assurer de l’âge des personnes cherchant à visionner du porno en ligne.

Une surveillance généralisée

Comparer l’identité, autrement dit le visage des visiteurs de ces sites avec les documents officiels déjà à disposition, voici la dernière suggestion du ministère australien. Une enquête parlementaire avait révélé que certains mineurs n’hésitaient pas à utiliser les permis de conduire de leurs parents pour contourner les contrôles déjà mis en place. L’utilisation des systèmes évoqués permettrait de vérifier plus facilement l’âge des visiteurs. Ce dispositif pourrait également servir à restreindre l’accès aux sites de jeux d’argent, indique The Sidney Morning Herald (SMH).

Plus largement, d’autres propositions ont été faites par le gouvernement australien, qui d’après le quotidien, sont chapeautés par le système fédéral. Le gouvernement souhaite stocker les images de permis de conduire, des passeports et des visas dans un « centre d’interopérabilité » qui permettrait aux agences, compagnies de téléphone et banques d’utiliser cette technologie. Néanmoins, un comité biparti a rejeté la proposition du gouvernement de Scott Morrison la semaine passée, obligeant le Premier ministre, représentant du Parti libéral, à revoir ses suggestions. Les députés libéraux et travaillistes demandent des garanties supplémentaires quant à l’utilisation de ces technologies, craignant de tomber dans un système de surveillance générale.

La législation australienne est déjà « très stricte en matière de sécurité nationale », les journalistes ont d’ailleurs protesté contre sa sévérité le 21 octobre dernier. Ceux-ci ont alerté l’opinion publique contre une censure grandissante selon eux, et un gouvernement australien qui n’accepte pas la critique. Des descentes de la police fédérale ont eu lieu au domicile d’une journaliste de News Corp et au sein de la chaîne nationale ABC, suite à la publication d’informations embarrassantes pour le gouvernement.

Un sujet controversé

Il semblerait que le pays soit amené à distinguer ce qui nécessite d’être surveillé ou non et pour quelles raisons. La question de l’accessibilité au porno pour les plus jeunes demeure. Des études ont montré que les adolescents sont nombreux à visiter des sites pornographiques. Si la plupart semblent d’accord pour considérer la pornographie comme une fausse image de la sexualité, beaucoup admettent qu’elle influence cependant leur approche du sexe.

Au-delà de la simple interdiction d’accéder à un site pornographique, les gouvernements souhaitant contrôler ce type d’accès grâce à la technologie, devrait peut-être aussi penser à favoriser l’éducation sexuelle de la jeunesse, qui, curieuse d’en savoir plus sur le sexe, se rabat sur des sites rabaissant le plus souvent la condition féminine, et offrant généralement un spectacle très limité de l’accès au plaisir.

L’Australie n’est pas le seul pays à réfléchir sur ce type de limitation, le Royaume-Uni avait quant à lui fait le même genre de proposition. Faisant partie d’une loi sur l’économie numérique annoncée par le Parlement en 2017, ce projet de vérification d’âge a finalement été repoussé, puis abandonné le 17 octobre 2019. Plusieurs problèmes avaient été soulevés, et aucune solution n’avait été trouvée pour y remédier. Tout d’abord la gestion des sites à l’étranger, à qui il est impossible d’imposer une loi nationale sur la vérification d’âge. Si l’idée d’une « liste noire » avait été suggérée, elle a vite été abandonnée, car en bannissant certains sites pornographiques, les adultes se voyaient privés d’y accéder eux aussi. D’autre part ce type de liste est facilement contournable avec un VPN. Enfin vient la question du respect de la vie privée, permettre aux sites pornographiques d’utiliser un système qui leur donnerait des informations sur l’identité de leurs visiteurs n’est pas forcément souhaitable…