L’ANFR vient de publier une étude sur « l’exposition du public aux ondes radioélectriques ». Les niveaux maximums mesurés de volt par mètre, et de microtesla, deux unités de mesure du champ magnétique, sont respectivement 25 et 37 fois inférieures aux limites autorisées.

Depuis que les compteurs Linky ont commencé à être installés, une opposition au petit boitier gronde. Alors que 19 millions de dispositifs sont déjà installés et 35 millions doivent l’être d’ici à 2021, 200 personnes avaient porté plainte en avril 2018 pour empêcher la pose du boitier. Parmi les plaignants treize personnes se disaient atteintes de maux de crâne ou d’insomnie imputée aux ondes émises par le Linky.

Graphique présentant les valeurs limites réglementaires des ondes émises par les appareils

Valeurs limites réglementaires fixées en France par le décret du 3 mai 2002 n° 2002-775. Crédit : ANFR

3 études ont déjà été publiées sur Linky

Ces ondes sont particulièrement surveillées par l’Agence Nationale des Fréquences, créée en 1997. Depuis 2016 elle a mené trois études en laboratoire et en condition réelle sur les compteurs. La dernière en date vient seulement de paraître en ce mois d’octobre 2019.

Grâce à un dispositif mis en place en 2014, un particulier ou une collectivité peut demander à l’ANFR de réaliser des mesures sur les ondes. L’organisme public missionne ensuite un laboratoire accrédité pour effectuer les mesures.

C’est par le biais de cette procédure qu’entre juin et décembre 2018, 178 lieux équipés de Linky ont été analysés pour détecter d’éventuels dépassements du niveau d’exposition à des ondes. Les seuils autorisés ont été fixés par une recommandation de l’Union européenne en 1999, appliquée à la loi française par un décret du 3 mai 2002.

Le Linky transmet ses données avec le courant porteur en ligne (CPL), c’est-à-dire par les câbles de l’installation électrique. C’est une technologie de plus d’un demi-siècle, par exemple utilisée dans les box internet, les alarmes, les options « heures pleines-heures creuses »

Le compteur envoie par CPL, entre minuit et 6 heures du matin les données de la consommation de la journée à un concentrateur. Ces derniers se trouvent la plupart du temps dans le transformateur du quartier. Ce sont eux qui envoient in fine les données aux serveurs par le réseau mobile.

Certains Linky sont équipés d’équipement radio (ERL). Il s’agit là d’une installation optionnelle qui est proposée aux clients qui souhaitent savoir, via leur smartphone ou leur ordinateur, leur niveau de consommation exacte en temps réel. La transmission se fait, ici, par radio.

Les deux valeurs mesurées du champ magnétique très inférieures aux seuils autorisés

D’après l’ANFR, la grande majorité des observations ont été réalisées à 20 cm du boitier. En cas d’inaccessibilité où de demande exprès du particulier cette distance pouvait être plus grande. Dans ces cas précis, les niveaux d’expositions étaient systématiquement plus faibles qu’à proximité du boitier.

La bande examinée est de 9kHz à 100kHz, alors que la bande fréquence CPL de Linky est de 35kHz a 91kHz. Dans 99 des 178 observations, aucune émission CPL n’a été détectée, malgré des mesures sur une durée d’une heure. Sur les autres, les valeurs maximales, les valeurs de crête, ont été très faibles. 3,5 V/m (volt par mètre) et 0,17 µT (microtesla) « soit des valeurs respectivement 25 fois et 37 fois inférieures aux valeurs limites réglementaires de 87 V/m et 6,25 µT. » d’après le rapport.

Des valeurs moyennes ont également été mesurées. Sur 6 minutes les résultats sont cette fois de 0,015 V/m et de 0,0006 µT. Des données respectivement 230 et 275 fois inférieures aux valeurs maximales mesurées.

Ce nouveau rapport pourra peut-être convaincre les opposants au Linky de l’innocuité du dispositif. Cela reste toutefois une critique marginale adressée au compteur. C’est avant tout la collecte de donnée personnelle par l’opérateur, Direct Énergie, qui est redoutée.

En mars 2018 la CNIL avait mis en demeure Direct Énergie pour ne pas suffisamment informer leur client sur le droit de consentir ou non à la récolte d’une partie des informations récoltées par Linky. Un client peut refuser, pour une part des données, qu’elles soient récoltées. D’après la CNIL le problème d’information est réglé depuis octobre 2018, mais Linky continue de susciter la méfiance chez une partie de la population. À juste titre ?