À compter du 7 novembre 2019, toutes les adresses IPv4 (ces suites de numéros qui permettent d’identifier chaque ordinateur connecté au réseau) seront totalement épuisées… C’est une réalité à laquelle le monde numérique se prépare depuis déjà plusieurs années mais cette fois-ci, nous y sommes. Un marché secondaire se met en place : les experts estiment que les prix vont vont s’envoler dans les semaines à venir.

Date de pénurie des adresses IP.

Crédit : Arcep

La fin des adresses IPv4

Une fois que la date du 7 novembre sera dépassée, le registre européen RIPE (l’organisme qui alloue officiellement les adresses IP aux différents acteurs des télécoms) ne pourra plus distribuer d’adresses IPv4. Les organisations qui souhaiteront acquérir le précieux sésame devront s’inscrire sur une liste d’attente.

Marco Schmidt, responsable du développement des règles et de la politique interne au RIPE précise que : « nous prévoyons de privilégier les acteurs qui n’ont encore jamais bénéficié d’une allocation d’adresses IPv4 ». Comprenez que les adresses IP seront distribuées au compte-goutte, si et seulement si d’autres se libèrent suite à la faillite d’une entreprise par exemple.

Comme sur n’importe quel marché, plus la demande est forte, plus les prix augmentent. Cet adage se vérifie également dans le domaine des adresses IP. Les spécialistes du marché estiment que le prix de l’adresse IPv4 pourrait fortement augmenter à mesure que l’offre se raréfie. Plusieurs sites d’enchères d’adresses IP existent. L’un d’entre eux se nomme auctions.ipv4.global, en s’y promenant, on se rend compte qu’en 3 ans, le prix moyen d’achat a été multiplié par plus de 2 pour passer de 9 à 21 dollars (de 8 à 19 euros).

Quels sont les risques ?

Une telle pénurie donne déjà des idées aux hackers capables de récupérer illégalement des stocks d’adresses IP. Ils puisent généralement dans des adresses qui ne sont pas ou plus utilisées. Ce phénomène va poser des problèmes aux professionnels mais aussi aux forces de l’ordre. En effet, la police s’appuie généralement sur une adresse IP pour trouver un délinquant numérique.

Seulement si ces dernières sont revendues, échangées ou volées, les enquêtes pourraient avoir plus de mal à aboutir. L’IPv6, notre sauveur ? En effet, à l’instar de ce que nous avions vécu avec nos numéros de téléphones lorsqu’ils sont passés de 8 à 10 chiffres, l’IPv6 doit permettre d’augmenter les possibilités de création d’adresses IP.

Un rapport de juin rédigé et publié par Europol fait mention des risques que vont devoir prendre en compte les services de police du monde entier : « nous avons documenté de nombreux cas où des enquêtes ont été retardées ou gravement entravées par les technologies CGNAT, et cela dans tous les États membres de l’UE, quels que soient les types d’enquêtes criminelles, du terrorisme à la cyberdépendance, en passant par la fraude et l’exploitation sexuelle d’enfants en ligne. Dans un cas récent de maltraitance d’enfants, seuls 25 % des membres d’un forum pédopornographique qui ne cachaient pas leurs adresses IP pouvaient être identifiés directement par le fournisseur d’accès à cause du CGNAT ».