Le réseau social LinkedIn, détenu par Microsoft, lance un système d’évaluation des compétences permettant de prouver vos capacités devant les employeurs susceptibles de visiter votre profil.

Un réseau social qui évalue les compétences de ses utilisateurs

Des tests présentés sous forme de Quizz seront désormais disponibles. Les utilisateurs pourront grâce à ces évaluations standardisées prouver leurs connaissances et compétences.

Les adhérents peuvent donc répondre à des listes d’évaluation sur différents sujets portant sur Adobe Acrobate, WordPress, XML etc. Si les utilisateurs réussissent le test à 70%, ils seront « récompensés » d’un badge qu’ils pourront afficher sur leur profil. Ce badge témoignera, comme l’explique Linkedln, de la réussite de l’évaluation et d’une « prise d’initiative » tendant à démontrer vos « compétences ». Le badge est valable 12 mois, et n’affiche pas votre score.

Les tests sont réalisés par des « experts en la matière et des leaders de la communauté d’apprentissage Linkedln, qui ont une vaste expérience de contenu d’examen et de certification » peut-on lire sur le site Linkedln. Le site ne précise pas si les experts ont pris l’initiative de passer un Quizz à choix multiples avant d’être recrutés par la plateforme.

Toujours d’après LinkedIn, 87% des employeurs considèrent ce type d’évaluation comme un gain de temps pour évaluer les compétences des candidats. Encore faut-il s’entendre sur la définition du mot « compétence ». Un test, qui plus est sous forme de Quizz, ne peut en réalité que témoigner, et non évaluer, des connaissances et du savoir de quelqu’un. L’évaluation des compétences, proprement dites, prend en compte plusieurs éléments comme l’expérience, la capacité d’adaptation et d’argumentation, ou encore l’attitude d’une personne. Des choses peuvent être véritablement observées à l’issue d’un face à face.

Si la fonction est tentante, elle peut tout de même susciter une certaine retenue. Comme chacun sait le recrutement peut être chronophage pour les entreprises. Celles-ci sont friandes d’applications ou de programmes leur permettant de gagner du temps avant les entretiens.

Néanmoins, est-il souhaitable qu’un réseau social comptant plus de 600 millions d’adhérents, détienne la capacité d’évaluer les utilisateurs avant même qu’ils n’aient pu entrer en contact avec les employeurs ? Ce type d’initiative pourrait être à l’origine d’un formatage susceptible de desservir bon nombre d’entreprises qui cherchent l’originalité, et la capacité de créer. Ces deux facteurs sont d’ailleurs souvent pris en compte par les chercheurs de tête, qui, au passage, sont peut-être plus à même de trier efficacement les profils de chacun. En outre, si les entreprises sont plus sensibles à l’expérience comme le laisse entendre LinkedIn, quelle valeur peut-on apporter à ce qui ne serait en réalité qu’un test de plus ?

D’autres sociétés proposent ce type de tests, Triplebyte, par exemple, a mis en place une plateforme pour les entrepreneurs qui cherchent à employer des ingénieurs. Les évaluations auxquelles les candidats peuvent se soumettre sont censées être compatibles avec les aptitudes requises pour telle ou telle annonce. Le nouveau service proposé par LinkedIn tend d’ailleurs à inquiéter les plateformes en question, car il leur sera difficile de les concurrencer, compte tenu de l’ampleur du réseau social.

Pour finir, le développement de réseaux comme LinkedIn, ou des applications comme Google Job, ou Google Hire, traduisent un fait peu ou prou abordé : l’inaptitude à recruter correctement et efficacement de la part des entreprises. Les dirigeants, et les entrepreneurs le savent : il y a toujours une part d’incertitude quand on engage quelqu’un, et c’est pour cela qu’ont été inventées les périodes d’essai (pour les deux parties, d’ailleurs). Il est cependant nécessaire d’avoir des personnes compétentes sur des postes à responsabilités, car plus les dirigeants connaissent leur sujet, leur entreprise, et les objectifs à mener, moins ils se tromperont en engageant quelqu’un.

LinkedIn vente les mérites de ce nouveau service qui permet de mettre en valeur les dites « compétences » des utilisateurs, qui sont parfois davantage jugés sur leur parcours et les écoles par lesquelles ils sont passés. Certes, mais les écoles ne prétendent rien d’autre que d’apporter des connaissances valides. Les tests proposés par LinkedIn ne permettent pas plus puisque ceux-ci servent à valider des connaissances. Reste à savoir si leurs « experts » valent mieux que les professeurs des écoles en question.