La police métropolitaine de Londres revient sur ses premières déclarations faites au Maire de la ville, et avoue avoir partagé des données avec un ensemble restreint de partenaires spécialisés dans la reconnaissance faciale.

Nouveau rebondissement dans l’affaire King Cross

En août 2019, une enquête avait été diligentée par le bureau du Commissaire d’informations (Information Commissioner’s Office, soit l’ICO), pour éclaircir l’utilisation de la reconnaissance faciale dans le quartier londonien de King Cross, dénoncée un mois plus tôt. Zone extrêmement fréquentée, à proximité des gares de King Cross et Saint-Pancras, le quartier comprend des restaurants, boutiques, et prestigieux bâtiments tels que la prestigieuse école Central Saint Martins College (berceau de la création londonienne), et le quartier général britannique de Google.

En juin 2019, un article paru dans le Financial Times dénonçait l’utilisation d’un système de reconnaissance faciale dans le quartier ultra fréquenté, et équipé de caméras de surveillance. La société privée Argent (promoteur immobilier de la zone), avait alors déclaré que plusieurs méthodes de détection étaient utilisées, dont la reconnaissance faciale. Elle avait ajouté sans plus de détails que des dispositifs avaient été mis en place pour « protéger la vie privée du grand public ».

Elizabeth Denham, responsable de l’ICO s’était dit très préoccupée par cette affaire, précisant que l’utilisation des caméras représentait « une menace potentielle pour la vie privée qui devrait tous nous préoccuper ».

Fin juillet, le dirigeant du parti écologiste du Royaume-Uni, Sîan Berry, avait sollicité le Maire de Londres (membre du Parti travailliste), pour plus d’explications. La demande était claire : est-ce que la Police métropolitaine de Londres a partagé des données avec des sociétés privés proposant un service de reconnaissance faciale, en dehors des essais technologiques officiels menés dans l’ensemble du pays en 2018.

Question posée au Maire de Londres

Crédit : Site Mayor of London, London Assembly.Le Maire avait alors transmis la réponse de la Police métropolitaine, le 29 août, qui assurait ne pas avoir eu recours à la reconnaissance faciale en dehors des tests officiels, et donc n’avoir partagé aucun cliché avec les sociétés privées en dehors de ce cadre.

Réponse du Maire de Londres

Crédit : Site Mayer of London, London Assembly

 

Or la Police métropolitaine est revenu il y a quelques jours sur ses déclarations faites au Maire de Londres. Elle admet désormais que les premières affirmations étaient incorrectes, et qu’il y a bien eu un partage de données avec les entreprises spécialisées en dehors des tests. Des clichés pris au sein de King Cross ont été envoyés en vue d’utiliser la reconnaissance faciale avec un « nombre limité » de « partenaires ». Cette activité a cessé en 2018.

Le Maire s’est excusé auprès de l’Assemblée, et a déclaré avoir exigé dans les plus brefs délais un rapport sur les arrangements effectués à partir de cet immense transfert de données. Il a également demandé précisément quelles informations ont été partagées, et avec qui.

Nouvelle déclaration

Crédit : Site Mayer of London, London Assembly

Les développeurs privés quant à eux se défendent en affirmant que les informations traitées ont uniquement bénéficié à la police londonienne, et que les caméras n’étaient opérationnelles qu’entre Mai 2016 et Mars 2018. Affaire à suivre…

Le Royaume-Uni est connu pour réseau fort déployé de caméras de surveillance, depuis que le pays a été victime de plusieurs attentats. Il n’en reste pas moins que, comme l’a expliqué la responsable du Commissariat d’informations, l’utilisation de la reconnaissance faciale pose problème d’un point de vue éthique, et porte atteinte aux droits privés des citoyens qui vivent majoritairement dans la légalité.