Dans un courrier adressé le 27 août 2019 à deux représentants démocrates, Facebook reconnait avoir détecté une « erreur technique » dans l’application Messenger Kids. Cette lettre répond aux inquiétudes des sénateurs préalablement évoquées en octobre 2018, concernant le respect de la vie privée sur l’application réservée aux enfants.

La déception des sénateurs face à la réponse de Facebook

Quelques mois plus tôt, une faille dans Messenger Kids a permis aux jeunes utilisateurs de rentrer en contact avec des inconnus, via le système de discussion.

Rappelons que l’application, réservée aux 6-12 ans, est censée être manipulée sous la surveillance des parents, à qui revient la responsabilité d’accepter, ou non, les interlocuteurs voulant prendre contact avec leurs enfants.

Problème donc, d’abord géré en interne par Facebook, qui a envoyé des messages d’avertissement aux parents, les informant que leurs enfants avaient pu entrer dans des discussions non autorisées avec des étrangers.

Problème repris par The Verge en juillet dernier, mettant en avant l’absence de communication officielle de la part de Facebook, qui, apparemment, souhaitait rester discret sur le sujet.

C’est alors que les sénateurs membres du Parti démocrate s’en mêlent, en l’occurrence Ed Markey (sénateur du Massachusetts), et Richard Blumenthal (sénateur du Connecticut), qui dans une lettre officielle adressée à Facebook, met en avant le principe de violation de la vie privée des enfants. En effet, depuis le lancement de l’application en 2017, Facebook est tenu d’être en accord avec la loi Children’s Online Privacy Act (COPPA), censée protéger la vie privée des enfants aux États-Unis depuis 1998.

Si le droit à la vie privée des enfants a clairement été mis en péril, Facebook se contente de répondre en expliquant qu’il s’agissait d’une « erreur technique », mais qu’ils mettent tout en oeuvre pour respecter l’accord avec la COPPA. Pas de quoi s’affoler, donc, à en croire la réponse du groupe.

D’après le dernier article dans The Verge, Facebook précise que le problème a été repéré depuis Octobre 2018, et que leurs équipes sont en contact constant avec la Federal Trade Commission (FTC) des États-Unis, l’agence indépendante du gouvernement chargée d’appliquer le droit de la consommation et le contrôle des pratiques commerciales.

Pour les sénateurs, la réponse de Facebook est insuffisante, et prend un peu trop à la légère la situation. Selon eux, il est nécessaire d’aller plus loin, et d’approfondir leur recherche quant aux dysfonctionnements qui ont permis aux enfants d’être en contact avec des inconnus. Et de préciser que c’est un dû moral aux parents, afin de regagner leur confiance, et respecter ainsi leurs droits et leurs attentes.

Au-delà de cette affaire, (qui a peut-être quelques aspects politiques sur lesquels nous ne nous attarderons pas), il apparait très clairement qu’en dépit du danger que peut occasionner un tel problème « technique », la loi ne peut pas grand chose, manifestement.
Les intentions de Facebook lorsque le groupe a lancé l’application pour 6-12 ans, étaient clairement commerciales, ne serait-ce que pour faire face à leur concurrent direct auprès des plus jeunes : Snapchat.

Si aujourd’hui Facebook se permet de prendre cette faille à la légère, c’est peut-être que les autorités éducatives, éthiques et gouvernementales, ont laissé un peu trop vite le droit à ces entreprises d’adresser ce genre d’application aux enfants.
Lorsqu’un individu de 6-12 ans (puisque ce sont eux dont il est question) veut un jouet, un jeu vidéo, un Kinder ou une trottinette, il n’a pas accès virtuellement à un compte bancaire pour enfant, dont la responsabilité reviendrait aux parents, ou aux tuteurs légaux d’autoriser ou non le paiement. Et pour cause, un simple problème technique, autorisant d’un seul coup les chers bambins à acheter on ne sait quoi, à on ne sait qui, pourrait causer quelques sueurs froides.

Mais il n’est pas question d’argent avec Facebook, non, il est question de données, rappelons que les données ont une valeur.

Pour finir, il pourrait être intéressant de préciser comme il est tentant de penser qu’aucun enfant de 6 à 12 ans, si ce n’est quelques cerveaux précoces, ne sont actuellement en train de suivre les tenants et les aboutissants de cette affaire. Et oui, reconnaissons-le, c’est un peu « petit » à cet âge-là, non ?