La plateforme de Google vient d’ajouter sur son interface la mention « financé(e) entièrement ou en partie par le gouvernement chinois » sous toutes les vidéos publiées par les éditions soutenues financièrement par les autorités chinoises. Cette décision semble liée à la récente suppression des 210 chaines de YouTube. Elle implique cependant la nécessité de prendre en compte quelques nuances tout à fait intéressantes.

Quand les GAFA prennent des initiatives

Jeudi dernier, à l’image de Twitter et Facebook, Google désactivait 210 chaînes sur YouTube, celles-ci ayant été utilisées, selon la plateforme, pour discréditer les manifestations de Hong-Kong. Suppression justifiée donc, d’après l’analyste Shane Huntley chargé de la sécurité chez Google, l’action ayant été menée de « manière coordonnée » par les autorités chinoises.

Des abonnés Twitter relaient l’apparition de ces nouvelles informations concernant les vidéos publiées par les éditoriaux chinois percevant des aides publiques.

Depuis un an déjà, la mention « chaine de service public » circule de la même manière sur le marché occidental, voici la liste des pays concernés : les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Irlande, l’Inde, l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Espagne, la Pologne.
Et depuis peu, Hong-Kong. Or cette action commence déjà d’être critiquée. Les voix s’élèvent sur Twitter : on ne peut pas mettre sur un même plan tous les journaux ayant droit à des subventions publiques.

On suppose en effet qu’il existe une différence entre une édition financée par un état, dit, démocratique, et une édition financée par un état comme la Chine, ou la Russie.

La plateforme YouTube se défend en précisant que ces « étiquettes » ne sont là qu’à titre informatif, afin de permettre aux utilisateurs de YouTube de mieux cerner le contexte de ces vidéos. Il ne s’agit en aucun cas d’un commentaire, précise le groupe de Google.

Au-delà de ces discordes, que doit-on penser ?

Il parait dans un premier temps nécessaire d’apporter quelques nuances. Tout d’abord, les mentions en sous-titres n’apparaissent pas tout à fait de la même manière. Lire « chaine de service public » et « financé(e) entièrement ou en partie par le gouvernement chinois », ce n’est pas tout à fait la même chose…
Ensuite, le problème peut également être inversé, quel impact la mention « chaine de service public » peut réellement avoir sur les utilisateurs de YouTube ? Les uns peuvent prendre cela comme gage de confiance, car le service public doit faire preuve de sérieux, c’est une valeur sûre, contrairement à des chaines d’informations continues, qui feraient moins le tri, prendraient moins le temps de vérifier leurs sources.

Les autres n’accordent au contraire que très peu de crédit aux chaines publiques, arguant contre leur incapacité à développer un esprit critique, ou en les accusant de n’être que des relayeurs d’informations, allant même jusqu’à piocher, comme nous sommes en train de le faire dans cet article… leurs sources dans des réseaux sociaux comme Twitter.

Le problème que pose la nouvelle décision de YouTube, n’en est peut-être pas un en soi. Après tout, la plateforme de Google n’a jamais prétendu être un commentateur de l’actualité, et encore moins une plateforme journalistique, censée pesée le pour, le contre, etc.

Le vrai problème, semblerait-il, est que beaucoup craignent qu’un trop grand monde d’utilisateurs, peu soucieux de suivre d’autres flux d’actualités, et dépourvus d’esprit critique, ne se contentent des informations données par YouTube, qui, au passage, dans ce cas précis, renvoie l’utilisateur à un lien Wikipedia.

Il serait fâcheux, en effet, que dans un avenir plus ou moins proche, au vu de ce que nous venons d’énoncer, les utilisateurs de YouTube, et plus généralement les internautes, s’enferment dans un système d’actualités entièrement géré par des plateformes Google, et plus généralement, les GAFA.