Des chimistes de Harvard ont découvert que les halichondrines, qui sont des molécules présentes dans les éponges de mer, ont également des propriétés anticancer. Peut-être que cette découverte sera combinée aux nanoparticules créées par des chercheurs italiens pour cibler et tuer des cellules cancéreuses, qui sait.

Un grand potentiel pour lutter contre le cancer

Découvertes il y a une trentaine d’années, les halichondrines sont capables d’inhiber les microtubules des cellules, qui sont des molécules importantes pour la division cellulaire. À ce jour, il existe déjà des médicaments capables d’effectuer cette tâche, comme le paclitaxel ou la vinblastine. Or, il semblerait que l’halichondrine B soit bien plus performante que ces derniers, ce qui est très prometteur, bien qu’elle n’ait pour le moment pas encore été testée sur des humains.

Takashi Owa, l’un des chimistes indique qu’« en raison de la structure unique du produit naturel, de nombreuses personnes se sont intéressées au mode d’action et les chercheurs ont souhaité mener une étude clinique. Mais un manque d’approvisionnement en médicaments les a empêchés de le faire ». Il aura fallu trente ans pour récolter suffisamment d’halichondrines afin d’effectuer ces recherches en clinique.

Trente ans de persévérance

En 1992, le laboratoire de Yoshito Kishi, professeur de chimie à Harvard a réussi à synthétiser la globalité de l’halichondrine B. Pour y arriver, il aura fallu une succession de plus d’une centaine de réactions chimiques, pour au final, obtenir un rendement à 1%. Depuis, une version simplifiée de l’halichondrine, qui traite le cancer du sein, a été commercialisée par l’entreprise nipponne Eisai. Selon Yoshito Kishi : « en 1992, il était impensable de synthétiser une quantité d’un gramme d’une halichondrine ».

Cette molécule est en réalité particulièrement difficile à fabriquer du fait qu’elle possède 31 centres de chiralité, qui sont des points qui rendent l’orientation des atomes dans l’espace asymétrique. Ce qui insinue d’après Harvard qu’il existe environ « quatre milliards de façons de se tromper ».

L’halichondrine et l’intelligence artificielle : un avenir ensemble ?

Depuis quelques années maintenant, de nombreuses intelligences artificielles sont développées par des chercheurs pour lutter contre le cancer et notamment celui du sein, à l’image d’IBM qui a créé une IA capable de détecter ce cancer un an avant son apparition. Ou encore celle du MIT, qui quant à elle peut aller jusqu’à cinq à l’avance avec autant de précision qu’un radiologue. Tandis que Google, pour sa part, est en mesure de détecter le cancer du poumon grâce à son modèle d’intelligence artificielle.

Pour le moment, l’IA est uniquement capable de détecter les cancers chez les patients, mais avec cette découverte, le processus de guérison pourrait être beaucoup plus rapide. Avec une détection et un médicament efficace, il serait possible de sauver des millions de vies. D’autant plus que les recherches pour l’halichondrine ont permis de produire de manière totalement synthétique plus de dix grammes de la molécule E7130, une l’halichondrine avec une pureté de 99,8%. À présent, la molécule fait l’objet d’un essai clinique de phase 1 au Japon.