« C’est un peu comme mettre l’Homme sur la Lune, » explique Tim Guy Brooks, responsable de la responsabilité environnementale chez Lego au Wall Street Journal (WSJ). Voilà sept ans maintenant que le fabricant de jouets veut confectionner ses pièces avec un plastique à base de plante. Avec du maïs ? Trop mou. Avec du blé ? Les couleurs ne sont pas uniformes. Et d’autres matériaux changeaient le façon dont les pièces s’imbriquaient.

« Quand Kennedy a dit qu’il voulait mettre un Homme sur la Lune, beaucoup de technologie et d’exigences n’existaient pas. Nous devons aller de l’avant et construire cela, » complète Tim Guy Brooks. Effectivement, depuis 2012, Lego s’est donné pour objectif de trouver une alternative au plastique. Deadline : 2030.

50 milliards de pièces vendues chaque année

Pour remplir ce défi, 150 millions de dollars ont déjà été investis en recherche et développement pour ce seul projet. Depuis le début, la société a testé plus de 200 associations de matériaux, et seulement 2% des pièces peuvent être produites avec du plastique végétal, alors qu’elle vend 50 milliards de pièces chaque année. Dans certains cas, c’est le moulage même qui pose problème. Des pistes alternatives comme le plastique recyclé ont également été étudiées, mais la quantité et les process à mettre en place sont tels que la mission est encore plus difficile.

Changer de matériau est d’autant plus difficile puisque Lego a des critères strictes pour produire ses jouets et ses pièces. Ses briques doivent s’emboîter les unes dans les autres mais être faciles à démonter, garder leur couleur et leur forme dans une fourchette de températures et être assez robustes pour ne pas se casser à la chute. Ils ne doivent pas se biodégrader parce qu’ils sont destinés à durer des décennies et qu’ils ne peuvent contenir aucun produit chimique qui pourrait être nocif pour les enfants. Un cahier des charges difficile à respecter dès lors qu’on veut utiliser des matériaux écologiques.

Comme le précise le WSJ, bien que la création d’alternatives au plastique à partir de pétrole soit un enjeu majeur pour notre société, Lego s’impose une certaine dose de stress. Cependant, puisque les déchets plastiques sont de plus en plus nombreux, après les pailles, les sacs, ou encore les couverts, peut-être que des gouvernements vont s’attaquer aux jouets un jour ou l’autre. D’ailleurs, bien conscient de son impact sur le monde, Tim Guy Brooks ajoute que « nous ne pouvons pas dire que nous inspirons et développons les créateurs de demain si nous ruinons la planète. »

De plus en plus d’acteurs se mobilisent pour réduire leur impact, notamment à travers l’utilisation de plastiques. C’est le cas de Nestlé qui a récemment annoncé vouloir dans un premier temps passer à une utilisation de plastique 100% recyclage (merci il était temps), et dans un second temps, développer des matériaux compostables à base de papier et de polymères biodégradables.