Jigsaw, une filiale du groupe Alphabet, maison-mère de Google a récemment mené une expérience assez surprenante. En effet, elle s’est offert une campagne de désinformation auprès d’acteurs russes. L’objectif étant de démontrer la facilité d’accès à ce type de service et le danger que cela pourrait représenter.

Une campagne 100% russe

Jigsaw, anciennement baptisée Google Ideas, se consacre à des tâches multiples comme la compréhension des défis mondiaux et à l’application de solutions technologiques, de la « lutte contre l’extrémisme » à la protection de l’accès à l’information, en passant par la censure en ligne et les cyber-attaques. Ainsi, avec une autre société spécialisée dans la sécurité informatique, Jigsaw a déboursé 250 dollars pour les services de troll russes.

Le projet a commencé en mars 2018. La filiale du groupe Alphabet a créé un site militant anti Staline. Le rendant suffisamment crédible, il a ensuite fallu se rendre dans les tréfonds sur web russe pour trouver des personnes compétentes. C’est auprès d’une plateforme d’achat de faux abonnés baptisée SEOTweet, que Jigsaw a trouvé son bonheur. Après quelques échanges et négociations, la campagne de désinformation se met en place. Elle s’est déroulée sur deux semaines. Elle a compris 730 tweets écrits en russe provenant de 25 comptes différents. Ensuite, la société a publié une centaine de messages sur des forums et en commentaire sur des blogs.

Jigsaw face aux critiques

Cette expérience est intéressante, puisqu’elle permet d’identifier clairement un (petit ?) acteur de campagne de désinformation russe, tout en identifiant les rouages et moyens utilisés. Pourtant, elle suscite de vives critiques sur la toile.

Tout d’abord, pour le simple fait d’avoir payé un troll russe, ça ne passe pas chez beaucoup d’américains. Surtout que cette campagne a entrainé la diffusion de centaines de messages de soutien à un dictateur à qui on peut imputer 20 millions de morts et 28 millions de déportations. Ainsi, la Russie pourrait très bien s’insurger de cette pratique et demander des comptes, puisque les messages concernent directement son pays, et un tendance naissante : une certaine nostalgie de l’époque.

D’autres se demandent si cette expérience était vraiment nécessaire, puisqu’au final, Jigsaw n’a publié aucun rapport, ni détails sur son expérience. Les seuls faits relatés sont effectués par Wired qui intègre des propos rapportés. « Dans ce projet, nous avons évalué l’impact relativement mineur de la création de faux sites Web et de la sollicitation de ce type de campagne à petite échelle par rapport à la nécessité d’exposer le monde des mercenaires numériques » , a déclaré Dan Keyserling, chef de cabinet de Jigsaw.

Du coup, nous avons compris qu’il est simple de s’offrir une campagne de trolls russes, mais l’expérience ou les mesures doivent-elles s’arrêter là ? Le projet mené se présente comme une preuve du concept, sans aller en profondeur. Peut-être que d’autres organismes sauront aller plus loin.