L’avenir de l’humanité pourrait bien être grandement influencé par une session du forum économique mondial à San Francisco cette semaine. Des experts en intelligence artificielle, des politiciens et des PDG vont se réunir pour tenter de trouver des pistes à l’établissement d’un cadre législatif international pour l’IA. La réunion devrait aussi coïncider avec la naissance d’un conseil pour assister les états dans cette direction.

Une initiative urgente

L’intelligence artificielle est assurément liée au monde de demain. Que ce soit pour prévenir les maladies comme le cancer du seinlimiter le gaspillage alimentaire, la technologie va rimer avec un avenir brillant. Brillant, mais peut-être effrayant, car elle est d’ores et déjà utilisée pour surveiller les individus par la reconnaissance faciale en Chine, et pour déterminer le risque criminel aux États-Unis. À terme, l’usage abusif de cette technologie pourrait résulter sur une explosion des états fascistes, mais aussi creuser les inégalités entre les pays leaders en matière d’IA et les autres. C’est pourquoi il est urgent de poser un cadre international à son développement avant qu’elle n’ait trop évolué pour le faire.

Lors de sa réunion à San Francisco, le forum économique mondial pourrait bien poser les bases de cet exploit. Elle devrait résulter par l’annonce de la création d’un « conseil sur l’IA » destiné à aider les pays à trouver un terrain d’entente sur son utilisation. Une aide bienvenue tant les tensions sont fortes, notamment entre les deux leaders en intelligence artificielle que sont la Chine et les États-Unis suite à l’affaire Huawei.

Jusqu’à présent, les états pensent surtout aux retombées économiques

Comme le souligne le prestigieux MIT Technology Review, jusqu’à présent, la plupart des états se sont entendus pour signer des plans pour financer, développer, et mettre en application l’intelligence artificielle. Dans le même temps, les décisions pour donner un cadre à l’utilisation de cette technologie ont été très limitées. L’Union européenne a publié des lignes directrices en avril, et l’OCDE (organisation de coopération et développement économique, dont la Chine ne fait pas partie ) a proposé une série de principes sur l’IA, mais qui semblent concernés surtout le développement économique. C’est tout.

Pour remédier à la situation et créer les bases d’un futur cadre juridique international, des dizaines d’experts internationaux, des dirigeants politiques et des membres des Nations Unies et d’Unicef seront là à la réunion. Des géants incontournables en matière d’intelligence artificielle tels Microsoft, IBM, et le chinois Ping An, ainsi que la société canadienne Element AI seront également présents. Enfin, plusieurs éminents universitaires et politiciens de petits pays seront là pour les représenter.

La session sera présidée par le Brad Smith, président de Microsoft, et Kai-Fu Lee, un éminent expert et investisseur chinois en intelligence artificielle. Les deux hommes devraient par la suite présider également le conseil de l’IA. Kay Firth-Butterfield, responsable de l’IA au forum économique mondial, explique que le rôle de ce dernier est « celui d’une organisation internationale impartiale ». Probablement une manière d’expliquer que les décisions du futur conseil ne seront pas motivées par des intérêts géopolitiques individuels.

Les thématiques traitées par le conseil

Mme Firth-Butterfield a expliqué que le conseil cherchera à identifier et trouver des réponses aux trois problématiques les plus importantes en matière d’intelligence artificielle, qui selon elle seront :

* Comment la technologie pourrait affecter l’avenir du travail ?
* Comment la recherche en intelligence artificielle pourrait bénéficier aux pays émergents ?
* Quels cas spécifiques de l’utilisation de cette technologie pourraient émerger ?

Dans les cas spécifiques, la légitimation du droit à la reconnaissance faciale risque d’être source de débats. Si même aux États-Unis, elle commence à se démocratiser, les groupes de défense des droits civils occidentaux montrent une farouche opposition à cette technologie. De même pour les entreprises. D’un autre côté, la Chine rencontre peu de résistance à l’application de la reconnaissance faciale, et dès lors il sera compliqué de trouver un terrain d’entente à son sujet. Jack Clark, qui participera à l’évènement au nom d’OpenAi, est très peu enthousiaste. Selon lui, les valeurs entre cultures sont si différentes qu’il sera extrêmement compliqué de mettre en place un système de valeur pour l’IA qui conviendra à tous.