Bien malin qui pourrait dire comment fonctionne la validation des applications sur l’App Store… L’Américain Philip Shoemaker est l’un des rares à le savoir. Il a longtemps été en charge du processus et ne s’est pas privé d’en révéler les coulisses dans une interview accordée à Bloomberg. Son point de vue sur les pratiques anticoncurrentielles de la marque devrait faire couler beaucoup d’encre. D’autant que le monopole d’Apple sur sa boutique applicative a déjà été épinglé par la Cour Suprême américaine à cause d’une plainte de Spotify .

Apple et la peur de la concurrence

La multinationale américaine a un contrôle total sur l’App Store et ses applications. Ses employés décident  celles qui seront disponibles sur la boutique et celles qui ne le seront pas. À en croire Shoemaker, jusqu’à peu, trois personnes étaient chargées de cette procédure laborieuse à plein temps. Les consignes de la direction étaient claires : ne pas rendre disponibles les messageries et services d’appels concurrents. Pas question de faire de la publicité à Google, Facebook, ou Microsoft.

Pour éviter la colère des régulateurs, la firme de Cupertino a depuis peu rétropédalé. Les autres applications sont accessibles, mais ne peuvent toujours pas être définies « par défaut » sur iOS.  « À l’époque, c’était une peur réelle, nous craignions que Facebook, Google ou quelqu’un d’autre débarquent avec ses applications et rendent obsolètes les nôtres », commentent l’ancien employé d’Apple.

Pourquoi des inquiétudes demeurent-elles ?

Aujourd’hui, le comportement d’Apple face à ses concurrents le laisse encore plus que jamais sceptique. Apple Music, Apple TV+… les applications propriétaires de la firme de Cupertino ne manquent pas. Elles sont naturellement mises en avant sur l’App Store et tous les appareils de la marque. Trop ? C’est ce que reproche Shoemaker, se faisant l’écho de plaintes qui fleurissent ces derniers mois. La dernière en date est celle de la plateforme de streaming musical Spotify. Elle accuse l’App Store de profiter de sa position pour mettre en avant Apple Music, au détriment des autres. Une pratique qui relèverait de la concurrence déloyale à en croire l’entreprise suédoise.

Évidemment, Apple se dit vertueux et nie tout abus de position dominante. Mais des doutes peuvent légitimement être émis. Sa double casquette de propriétaire du store et de certaines applications proposées pose question. D’autant plus que le géant américain investit dans des marchés très concurrentiels comme le streaming musical ou la vidéo à la demande. Dès lors, difficile d’imaginer qu’il n’oriente pas, même subtilement, les utilisateurs d’iPhone ou MacBook vers ses services. En réponse à la plainte de Spotify, la justice devra bientôt statuer sur la légalité de ces pratiques. Son verdict est très attendu.