La capacité du réseau social à se diversifier n’a sans doute pas fini de nous étonner. Après un F8 riche en nouveautés, la firme de Palo Alto continue sur sa lancée et finalise son arrivée sur le marché des devises virtuelles. Le but ? Proposer un service de paiement dématérialisé dans douze pays du monde dès début 2020. De quoi faire passer la future application de rencontre et ses autres chantiers un peu au second plan.

Des démarches déjà bien avancées

GlobalCoin. C’est le nom donné au projet par Facebook. Il est dans les clous depuis un moment déjà, mais les choses s’accélèrent en ce moment. Mark Zuckerberg est à la recherche d’expertises avant de lancer la phase de test de la monnaie virtuelle en interne cet été. Le CEO a déjà rencontré Mark Carney, le gouverneur de la banque d’Angleterre, pour en discuter. Des responsables du Trésor américain ont aussi été contactés. Facebook étudie le marché, ses risques et ses opportunités, avant de faire le grand saut.

Comment ça marche ?

La clé du système est la blockchain, un immense registre dématérialisé public et inviolable qui rend les transactions sécurisées et anonymes. Pour la plateforme, souvent critiquée pour ses failles sécuritaires, c’est un vrai gage de fiabilité, un moyen de donner confiance en utilisant une technologie qui a le vent en poupe. La future monnaie virtuelle en a besoin : elle devrait transiter entre les applications détenues par le réseau social qui regroupent toutes des centaines de millions d’internautes (Instagram, Messenger, WhatsApp).

Pourquoi un tel projet ?

Avec sa monnaie virtuelle, Facebook permettrait à ses 2,7 milliards de membres de s’échanger des fonds instantanément et depuis n’importe quel pays. GlobalCoin contournerait le système bancaire et ses limites. Actuellement, un paiement effectué sur Messenger peut mettre cinq jours à arriver. Avec une devise « maison », tout serait internalisé et le réseau social pourrait s’affranchir de tous les intermédiaires traditionnels (cartes bancaires, banques…).

Le 13 décembre dernier, une source interne révélait au magazine Cheddar que « le but ultime du projet est d’aider des milliards de personnes à accéder à des choses dont elles ne disposent pas ». Après Internet.org, son projet pour connecter le monde entier à Internet, le réseau social veut maintenant démocratiser l’accès bancaire. Problème, c’est aussi une façon détournée d’imposer ses services. Un procédé souvent mal perçu par les pays qui bénéficient de la générosité intéressée de Facebook. GlobalCoin pourrait aussi causer des tensions géopolitiques.

Un premier pas vers un « Facebook coin » ?

La question se pose. Pour l’instant, il est prévu d’indexer la valeur de la devise sur celles du dollars et de cinq autres monnaies. Mais cela ne sera peut-être pas éternellement le cas. GlobalCoin pourrait aussi être un tremplin vers le lancement d’une monnaie privée à grande échelle. Pour les banques et les régulateurs, ce serait un véritable séisme. Plus de deux milliards de personnes auraient dans leurs poches un moyen de paiement libéré de la plupart des contraintes bancaires. Cette cryptomonnaie est donc loin d’être un simple gadget et elle n’a sans doute pas fini de faire parler.