Aux États-Unis, Uber et Lyft ont la belle vie sur le secteur des VTC et du covoiturage. Si le dernier point représente évidemment un élément intéressant pour réduire la densité des voitures présentent sur les routes d’une agglomération, la solution VTC l’est beaucoup moins. Ces deux modes de transport (associé au terme TNC pour Transportation network company) n’étant évidemment pas aussi écologiques que les transports en commun. Une étude publiée dans le magazine Science Advances a souhaité évaluer le poids de ces deux entreprises sur la dégradation du trafic dans la ville de San Francisco. Alors qu’elle vit actuellement sa pire année, la capitale de la Silicon Valley a vu la congestion urbaine augmenter de 60% entre 2010 et 2016. De ces 60%, plus de la moitié incombe à Uber et Lyft.

Les bases de l’étude sur la congestion à San Francisco

L’étude a été dirigée par Gregory Erhardt, un professeur expert des modèles de transport, et en « prévision des mouvements ». Il a été mandaté par la San Francisco County Transportation Authority (SFCTA) pour évaluer l’impact des applications de VTC sur la dégradation de la circulation de la ville.

Le professeur s’est donc donné pour but d’analyser l’état de la circulation avant et après 2010. Année où les deux applications sont devenues populaires dans la ville de San Francisco, et jusqu’à 2016 où elles ont représenté un mode de transport important, voire « dominant ».

Son étude a débuté par une simulation classique de transports. L’idée est d’y intégrer des variables comme l’évolution du système de transport de San Francisco, la croissance démographique, l’augmentation du nombre de livraisons (B2C) ou des transports de marchandises (B2B). Ensuite, il a fallu batailler pour récupérer les données hébergées par Uber de Lyft. Invoquant des problématiques liées à la protection de la vie privée de leurs utilisateurs (ce qui n’est pas faux) les TNC (voir plus haut) partagent assez peu leurs données. De ce fait, Gregory Erhardt et la SFCTA se sont rapprochés de data scientists de l’Université Northeastern. Ces derniers ont créé un programme qui accède aux API de Uber et de Lyft pour indiquer les 10 véhicules les plus proches.

Ils ont ainsi récolté 17TB de données en 6 mois, grâce à la mise en place d’appels de ces API à partir d’endroits divers dans San Francisco. « Ce que vous en sortez, ce sont ces empreintes de l’endroit où se trouvent les véhicules, où sont les conducteurs et quand ils sont disponibles pour une course, » précise le chercheur.

Uber et Lyft statistiquement coupables

En opposant toutes les données récoltées, et en évaluant l’évolution des temps de trajets, le résultat est sans appel : Uber et Lyft sont les plus gros responsables de l’augmentation de la congestion urbaine de San Francisco.

L’impact d’Uber et Lyft en chiffres

Les chiffres parlent d’eux-mêmes dans cette étude. Elle met en contraste la présence et l’absence des deux TNC dans les résultats :

  • La vitesse moyenne dans San Francisco a diminué de 13% ;
  • Sans Uber est Lyft, elle n’augmente que de 4% ;
  • Ce qui est qualifié d’heures de retard pour les trajets a augmenté de 62% ;
  • Sans Uber et Lyft, cette augmentation n’est que de 22%.

« Il y a eu ces grandes histoires sur la façon dont [Uber et Lyft] ont le potentiel de soutenir les transports en commun, d’amener les gens aux stations de transport en commun et d’en revenir, de permettre le covoiturage et de réduire le taux de motorisation des gens, » a expliqué le chercheur à The Verge. « Ces choses sont vraies jusqu’à un certain point, mais la question est de savoir si elles sont suffisamment vraies pour compenser la façon dont les TNC ont augmenté la congestion. Et quand on regarde les données, on s’aperçoit que ce n’est pas le cas. »

De leur côté, les deux sociétés déclarent avoir mis en place des tarifications adaptées aux pics de congestion dans certaines villes. Plus précisément, Lyft trouve que l’étude ne prend pas suffisamment en compte les évolutions liées aux livraisons commerciales, ou à l’augmentation du tourisme. Cela peut se comprendre, même si leurs services sont (statistiquement) en grande partie responsables de la dégradation de la circulation de San Francisco.

Des solutions plus vertes, mais plus de consumérisme

En parallèle, et probablement depuis 2016, les TNC s’attachent à développer d’autres services de transport, plus verts. C’est notamment le cas pour la mise en place de trottinettes électriques, ou de vélo en libre-service. D’autres plateformes encouragent leurs chauffeurs à passer à l’électrique afin de limiter leur impact sur la pollution de l’air.

Cependant, quand on connaît l’impact écologique de la production, puis la dégradation d’une trottinette, le véritable coût des voitures électriques, on ne peut que maintenir le constat qu’une, deux, ou trois personnes dans une voiture pour parcourir 2 km à 3 km … c’est invraisemblable.

Subsiste la mise en place d’un réseau de voitures autonomes. Électriques, sûres, adoptant une conduite modérée, elles pourraient être la solution. Il faudrait malheureusement qu’il n’y ait que ces véhicules sur les routes pour que l’on ressente de véritables bénéfices.

En attendant les agglomérations s’adaptent lentement, tant sur les moyens proposés, que sur les lois et arrêtés.