Des chercheurs de l’Université de Yale, aux États-Unis, ont réussi à relancer la circulation sanguine et une activité synaptique (échange entre neurones) dans des cerveaux de porcs 4h après leur décapitation. Cette recherche a été présentée dans la revue Nature cette semaine. Bien que ces animaux n’ont à aucun moment retrouvé un état proche de la conscience, cette découverte ouvre des perspectives extraordinaires quant à l’évolution des soins pour des afflictions cérébrales.

Pour réussir à réanimer les cerveaux de porcs, les chercheurs ont utilisé une solution anticoagulante unique chargée d’agents pharmacologiques et d’oxygène baptisée BrainEX qui a servi de sang artificiel. Ils l’ont ensuite filtré et pompé à travers le système sanguin des cerveaux, et c’est alors qu’ils ont commencé à voir une circulation renouvelée, une réponse métabolique, et même une activité synaptique spontanée.

En revanche, à aucun moment les chercheurs n’ont pu constater un niveau d’activité cérébrale proche de ce qui constituerait ne serait-ce qu’une prise partielle de conscience. Cela se serait caractérisé par l’émission d’ondes cérébrales alpha et bêta dans un intervalle de 8 à 30 Hz. Si cela s’était produit, les chercheurs avaient prévu de diffuser des anesthésiques lourds et de geler très rapidement les têtes pour stopper toute activité cellulaire.

Selon le professeur Hank Greely de l’Université de Stanford, les résultats de cette recherche bouleversent nos préjugés concernant la mort cérébrale. Elle prouverait que notre conscience ne disparaît pas totalement dans les minutes qui suivent la mort cérébrale, et que restaurer la circulation sanguine aussi vite que possible ne serait pas la seule façon d’éviter cette dernière. En effet, si on réussit a réanimer partiellement les cerveaux de porcs 4h après leur décès, c’est qu’ils ne seraient pas totalement éteints.

Cette expérience soulève forcément des questions éthiques, mais en tout cas, elle a été réalisée dans le respect des directives actuelles concernant le bien-être animal. Selon les protocoles de l’Université de Yale, l’équipe a utilisé des têtes de porcs qui ont été prélevées après le passage à l’abattoir d’animaux élevés pour nourrir les hommes. De plus, ils ont été abattus à cet effet avant le début de l’expérience, dans le respect d’une loi de 1966 sur le bien-être animal.

Cette expérience pourrait bien soulever la communauté des défenseurs des animaux, pour autant, ses applications pourraient avoir des retombées extrêmement positives pour soigner les hommes à l’avenir. BrainEX pourrait notamment être utilisée afin de préserver les fonctions cérébrales des individus à la suite de traumatismes crâniens ou d’infections catastrophiques. Reste à savoir ce que l’on est prêt à tolérer pour faire évoluer la médecine.

Quoi qu’il en soit, cette expérience témoigne des progrès que fait la science dans la compréhension du fonctionnement des activités cérébrales. Par exemple, la neuroscience nous explique aujourd’hui comment nos cerveaux se synchronisent, et les chercheurs sont capables de prédire ce que pense notre cerveau.