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Médiapart fait parfois des révélations intéressantes. Si vous faites partie des fidèles adeptes d’Europe 1 et que vous avez déjà appelé le standard pour poser une question ou simplement intervenir en bon auditeur que vous êtes, il est possible que vous soyez fiché.

Entre 2002 et 2016, près de 500 000 personnes sont retrouvées sur un fichier contenant parfois des données très personnelles et même des insultes. Après la sanction infligée par la CNIL à Optical Center en juin dernier, c’est au tour d’Europe 1 de se faire prendre la main dans le sac.

Il y a quelques jours, le média d’Edwy Plenel révélait l’existence d’un rapport secret détenu par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil). Europe 1 a conservé les données de ses auditeurs les plus fidèles (c’est quand même le comble de cette histoire) en leur assignant des petites notes voire des insultes pour certains d’entre eux. Toutes les informations mentionnées sur ce fichier n’étaient pas forcément vraies, mais plutôt supposées par le réceptionniste des appels entrants. Autant dire qu’on y trouve de tout : des informations sur l’âge, sur l’orientation sexuelle, sur la qualité de leur élocution, mais aussi sur leur origine ethnique supposée. Bref, de quoi faire une belle image à Europe 1.

Déjà, en 2017, la Cnil rédigeait un rapport à ce propos. Des commentaires édifiants sur l’état de santé des auditeurs, on pouvait notamment lire dans ce rapport cela : « arrêt maladie, traitement pour un cancer », « accent du Maghreb, pas toujours claire, bavarde, a besoin de parler de son cancer » ou «  il est homo » et même des notes bien plus dommageables comme celles-ci : « voix de vieille pédale ! » ou « connard qui nous a déjà bien fait chier ». La CNIL estime ce fichage contraire à la loi. Il n’est pas légal de recueillir ce genre d’informations, sur sans avoir obtenu le consentement préalable des personnes concernées. C’est notamment le cas pour les données sur la santé, l’orientation sexuelle, l’appartenance religieuse ou les origines raciales ou ethniques.

Pire, on apprend que la Cnil a gardé ce rapport dans le plus grand secret. De plus, Médiapart précise que la justice n’a pas été saisie, ce qui n’entraine aucune sanction pour la radio. La Cnil justifie ces fait en évoquant le sérieux et les efforts menés par Europe 1 : nettoyage de la base de données, prévention auprès des équipes concernées.