Si vous possédez un compte Twitter, vous avez sûrement dû voir passer le hashtag #LigueDuLOL dans votre fil d’actualité ce week-end. La Ligue du LOL, c’est un groupe Facebook créé il y a une dizaine d’années sur lequel les membres sont accusés d’avoir harcelé de nombreuses personnes.
C’est Vincent Glad qui est à l’origine de ce groupe. Il réunit des journalistes, des professionnels de la communication, essentiellement parisiens. Vincent Glad, actuellement journaliste à Libération, explique l’objectif d’un tel groupe. « C’est un groupe d’amis Facebook, comme tout le monde en a ». Alexandre Hervaud, autre journaliste du quotidien complète les propos de son collègue « On y faisait des blagues, un travail de veille, c’est d’un commun absolu, il n’y a jamais eu, à l’intérieur de ce groupe, d’obsession antiféministe. On se moquait de tout, et tout le monde ».
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Curieusement, au bout de quelques années, certains membres ont décidé de tout simplement quitter le groupe. À l’image du podcaster Henry Michel. Ce dernier déclare dans Libération : « Cette observation du petit monde de Twitter s’est cristallisée sur des personnes, c’est devenu des feuilletons avec des personnages récurrents, des obsessions de certains membres du groupe. »
Pourquoi parle-t-on de la Ligue du LOL spécialement aujourd’hui ?
Tout commence la semaine dernière, lorsque Thomas Messias, journaliste chez Slate poste ce tweet.
Il est beau le journaliste modèle qui joue les exemples après s’être bien amusé au sein de meutes de harceleurs de féministes. Il est beau.
— Thømas Messias ™ (@thomas_messias) 5 février 2019
Personne n’est cité dans le tweet, néanmoins, Alexandre Hervaud ne tarde pas à répondre.
Pas sûr de qui vise ce courageux subtweet, mais il illustre bien l’aigreur paradoxale de certains militants zélés : ils veulent changer la société, mais ne digèrent pas qu’une personne en particulier puisse vraiment changer – forcément trop suspect, trop tard. https://t.co/mvDK0q20QD
— Alexandre Hervaud (@AlexHervaud) 5 février 2019
Les choses prennent une autre tournure, lorsque Aïcha Kottman, une critique de séries prend la parole en interpellant Alexandre Hervaud et évoque la Ligue du LOL pour la première fois.
Changer c’est bien. S’excuser auprès des personnes que vous avez harcelées, ce serait mieux. https://t.co/5cQdl2ASOM
— Iris KV (@IrisKV) 5 février 2019
Le thread étant lancé, les premiers témoignages commencent à pleuvoir. C’est accablant. On en retrouve sur les réseaux sociaux, mais aussi sur la plateforme Medium. Sur le même modèle que la vague #metoo, les langues commencent à se délier et dénoncent les membres de la Ligue du LOL et leurs agissements.
Quels sont les faits reprochés ?
Au début des années 2010, les membres de ce groupe auraient harcelé via les réseaux sociaux, des journalistes ou blogueurs. Il s’agirait principalement, d’insultes, d’usurpations d’identité, de canulars téléphoniques et de photomontages. Un témoignage de Florence Porcel évoque une action menée par le groupe. Plusieurs membres seraient venus autour d’elle sur son lieu de travail et par la suite ont réalisé un montage à inspiration pornographique extrêmement dégradant.
Évidemment, ces faits sont punissables. Si un ou des membres sont reconnus coupables, ils peuvent recevoir une peine de 1 à 3 ans de prison et jusqu’à 45 000€ d’amende, selon la gravité des faits. Néanmoins, le délai de prescription étant de 6 ans, la plupart des faits reprochés à la Ligue du LOL ne peuvent pas faire l’objet de poursuites.
Devant le fait accompli, plusieurs membres de la Ligue du LOL ont pris la parole. À l’image d’Alexandre Hervaud, mais aussi du rédacteur en chef web des Inrockuptibles, David Doucet.
A propos de la Ligue du LOL : pic.twitter.com/f8gIiDrhx0
— Alexandre Hervaud (@AlexHervaud) 10 février 2019
À propos de la #ligueduLOL pic.twitter.com/Qzk2aKIGcG
— David Doucet (@Mancioday) 10 février 2019
Du côté des politiques, les premières réactions sont venues de Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’État au Numérique, sur BFMTV.
Cette #LigueDuLOL , c’est l’histoire de loosers, des mecs qui se gargarisaient de pouvoir se moquer d’autres personnes. Sauf que ces moqueries ont eu un impact dans le réel. Les victimes de cyberharcelement doivent pouvoir s’exprimer, et eux, j’espère qu’ils ont honte. pic.twitter.com/5dby7qENIT
— Mounir Mahjoubi (@mounir) 10 février 2019
Quant à Marlène Shiappa elle apporte grandement son soutien aux victimes de ce harcèlement.
Tout mon soutien et ma solidarité aux blogueuses et journalistes qui ont eu à subir le harcèlement sexiste de la #LigueDuLol particulièrement @FlorencePorcel
Ce n’est pas « internet » qui est impitoyable, c’est ce qu’on en fait. https://t.co/SUbdSVHoxB— 🇫🇷 MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) 10 février 2019
De nombreux blogueurs se sont aussi soulevés devant tant de bêtises, notamment Korben. Pour plus de précisions, un thread Reddit est entièrement dédié à l’affaire.