Les fabricants de verre pour smartphone ultra-dur fabriqué en partie de diamants synthétiques ont pris part à une enquête du FBI sur Huawei, selon Bloomberg. L’opération s’est déroulée le mois dernier à Las Vegas, durant le CES, alors qu’un journaliste de Businessweek observait la scène. Adam Khan, le fondateur d’Akhan et son COO Carl Shurboff, équipés de dispositifs de surveillance par le FBI, ont enregistré et filmé la réunion effectuée avec des représentants de Huawei.

Les débuts entre Huawei et Akhan

Fin 2016, un ingénieur Huawei de San Diego contacte Akhan, disant rechercher activement de nouvelles technologies pour les verres de leurs smartphones et exprimant un sentiment d’urgence.

Jusqu’ici, rien d’extraordinaire, une vitre d’affichage extrêmement solide constituant un avantage concurrentiel dans le monde des smartphones. Il pouvait donc sembler compréhensible que la compagnie Huawei souhaite combler son retard en la matière, Steve Jobs ayant déjà doté le premier iPhone d’un écran solide, construit par Corning, il y a plus de dix ans. Et de se tourner vers la start-up Akhan qui décrit son écran de smartphone, le Miraj Diamond Glass, comme indestructible et 10 fois plus résistant aux rayures que son concurrent le Gorilla Glass.

Après un accord passé en 2017, la société Akhan envoie un échantillon de son verre Miraj à Huawei, à San Diego, en mars 2018. Les premiers problèmes sont apparus deux mois plus tard, en mai, lorsque Huawei n’a pas respecté la date limite de 60 jours pour renvoyer l’échantillon. Après des rappels ignorés, Huawei retourne enfin l’échantillon de verre en août et c’est ici que l’affaire prend de l’ampleur : le Miraj était cassé en deux et il lui manquait trois fragments de verre de diamant. Khan et son COO Shurboff suspectent alors la compagnie Huawei d’avoir tenté de découvrir comment le verre Miraj avait été conçu pour exploiter sa technologie.

L’arrivée du FBI dans l’affaire Huawei – Akhan

Quelques mois auparavant, un agent spécial du FBI s’était déjà rendu chez Akhan, le bureau d’investigation menant une “campagne” de sensibilisation à la cybercriminalité et aux vulnérabilités en matière de sécurité auprès des start-ups.

Les ayant vivement encouragés à signaler toute activité suspecte, Carl Shurboff se rend donc au bureau du FBI à Chicago. La mésaventure de l’entreprise Akhan est immédiatement prise très au sérieux et l’affaire évolue rapidement. Khan et Shurboff ont régulièrement été entendus par des représentants du FBI et du Ministère de la Justice des États-Unis. L’échantillon cassé a été analysé à Quantico et le FBI a décortiqué tous les échanges effectués entre Akhan et Huawei : emails, accords, lettres, registres d’expéditions… Puis, en décembre 2018, le FBI demande aux dirigeants d’Akhan d’organiser une rencontre avec Huawei et d’inciter leurs interlocuteurs à en dire davantage sur la destruction de l’échantillon et sur la raison pour laquelle ils s’intéressent tant à la technologie du film diamant.

La réunion est planifiée à Las Vegas, lors du CES 2019, et le FBI équipe Khan et Shurboff de micros et caméras afin d’enregistrer les échanges. Cependant, l’ingénieur et la responsable de l’approvisionnement de Huawei qui se sont déplacés n’en diront pas plus, affirmant être ignorants sur tous les points évoqués.

Le FBI effectuera malgré tout une perquisition dans les locaux de Huawei à San Diego le 28 janvier, sans que les motifs ne soient rendus publics.

Le FBI et Huawei, une longue histoire…

La mésaventure de la société Akhan peut apparaître comme une “aubaine” pour le FBI et les États-Unis qui ont pris pour cible la compagnie Huawei depuis un certain temps déjà.

En effet, aux États-Unis, la société chinoise est déjà visée par 10 accusations liées au secret commercial et 13 accusations de violations des sanctions dans le cadre d’enquêtes distinctes. Dans une autre affaire, Huawei a également été accusé d’avoir volé la technologie de test de smartphone de T-Mobile et d’avoir violé les lois sur les sanctions en vendant la technologie américaine à l’Iran.

En ce qui concerne la start-up Akhan, il est possible que le gouvernement américain, faute de preuves, conclut qu’il n’y a pas de motif de mise en accusation contre Huawei. Les procureurs pourraient également décider que ce qui est arrivé à Akhan n’est pas assez grave pour porter des accusations.

Si tel est le cas, cela soulève une question sur la répression plus large menée par les États-Unis contre Huawei : est-elle basée sur des preuves tangibles d’actes répréhensibles ou sur la volonté désespérée de confondre la société chinoise en train de faire quelque chose – quoi que ce soit – de “mal” ?