Les chercheurs les ont tout simplement débranchés. Ils ont recruté 2 488 personnes qui utilisaient en moyenne une heure Facebook chaque jour. Et ils les ont « sevrés ». Voici les résultats de leur étude.

Si vous vous demandez comment ils les ont recrutés ? Eh bien… par Facebook, pardi ! Après avoir vérifié qu’ils étaient vraiment prêts à désactiver leur compte pendant un mois, les chercheurs ont réparti  les participants en deux groupes.
Ceux qui allaient être déconnectés vraiment, et ceux qui ne le seraient pas (groupe témoin).

Suivi du comportement

Au cours de cette expérience d’un mois, les chercheurs ont suivi les profils FB des participants. Histoire de vérifier qu’ils tenaient leur promesse.
Les participants mesuraient également à travers des questionnaires de type « échelle d’attitude » leur « bien-être en temps réel », notamment le bonheur, les émotions ressenties par un participant au cours des 10 dernières minutes et une mesure de la solitude.

Corrélation n’est pas causalité, mais quand même …

Résultat : comme le rapportent les chercheurs, « laisser Facebook  de côté » est corrélé avec toutes les mesures d’un meilleur  » bien-être ».

Certes, corrélation n’est pas causalité, mais ils ont constaté des changements de comportement chez le groupe abandonniste.

Ses membres finissaient également par passer moins de temps sur d’autres réseaux sociaux et à consacrer plus de temps à des activités hors connexion( passer du temps avec ses amis et sa famille, regarder la télévision ).

Le groupe de personnes désactivées a également rapporté moins de temps passé sur le réseau social après la pause de l’étude, suggérant que cette pause leur aurait permis de mieux comprendre leurs propres habitudes.

Facebook crée une habitude

« Une utilisation post-expérience réduite va dans le sens de notre constatation selon laquelle la désactivation améliore le sentiment de bien-être, expliquent les auteurs de l’étude. Cela va également dans le sens des hypothèses selon lesquelles Facebook crée une habitude… ou que les gens ont pris conscience, plus qu’ils ne s’y attendaient, qu’ils profitaient mieux de la vie sans Facebook « .

Biais d’analyse ?

Il  faut néanmoins tenir compte de deux biais potentiels qui ont pu être introduits dans l’analyse.

Le premier est lié au fait que les « sevrés » ne l’étaient pas tant que cela. Ils conservaient l’accès à Facebook Messenger. Ils étaient donc déconnectés des informations et des posts, mais pas de la commodité que représente le fait de rester en contact avec ses amis.

Or, n’est-ce pas cette commodité-là qui est le principal facteur de l’addiction ?

Le second est lié au contexte. Cette étude a été menée il y a deux ans aux Etats-Unis. En pleine campagne électorale américaine, dont on sait à quel point celle-ci a pris en otage Facebook.

L’attitude des participants vis-à-vis des réseaux sociaux a donc forcément été influencée par la nature des posts et des conversations qui se déversaient sur le réseau social à ce moment-là.

« Bien que les participants aient déclaré être moins informés de l’actualité, ils ont également montré des signes de polarisation politique moindre », note Techcrunch qui commente l’info.  Une remarque qui incite à se demander s’il s’agit là d’une cause ou bien plutôt, justement, d’une conséquence du sevrage.

Autrement dit : « Ne serait-ce pas le fait de se déconnecter de l’ambiance fétide de la campagne électorale de l’époque qui les a rendus plus heureux ? «