Haro sur les fakers ! La décision de la procureure générale de l’État de New York fera jurisprudence. Vendre de faux followers est bien une tromperie. Le fautif en est de 50 000 $ de sa poche, ce qui n’est pas bien cher payé, mais si cette somme fait parler d’elle, c’est qu’elle fait évoluer le droit.

Une transaction modeste…

En fait de poursuite, il s’agit en effet d’une « transaction » qui est permise par le droit américain pour éviter des poursuites pénales plus embêtantes. L’entreprise Devumi avait eu la mauvaise idée de commercialiser des followers, des likes et autres preuves d’engagement sur les réseaux sociaux.

Quand on dit mauvaise idée, tout dépend du point de vue duquel on se place.

Le propriétaire de la société, German Calas, Jr., paiera certes la pénalité évoquée ci-dessus pour couvrir les coûts de l’enquête. Mais si l’on en croit les journaux américains, le business a été assez juteux pour lui.

…pour un business juteux

Calas, par l’intermédiaire de sa société Devumi et de nombreuses autres sociétés, dont DisruptX, Social Bull et Bytion, vendait des tonnes de faux contenus sur les médias sociaux. Il a commercialisé plus de 250 000 prestations sur les réseaux sociaux, facturant jusqu’à 3 997 dollars pour 500 000 abonnés Twitter et 29 dollars pour 100 abonnés YouTube.
Ses entreprises ont proposé ces services sur diverses plateformes, dont Twitter, YouTube, LinkedIn, SoundCloud et Pinterest. Selon le texte de la transaction, les clients de Devumi étaient notamment des stars du cinéma et de la télévision, des musiciens, des politiciens, des athlètes, des mannequins et des stars du porno. Devumi a généré un chiffre d’affaires d’environ 15 millions de dollars entre 2015 et 2017.

Tout est parti du New York Times

Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes du fake lorsque la justice de l’État de New York a débarqué chez Devumi. Elle l’a fait après que des informations faisant état d’activités suspectes et de pratiques commerciales potentiellement trompeuses eurent été révélées par le New York Times. C’est cet article qui a incité la justice américaine à mener l’enquête.

Entreprise obscure et millions de dollars

Le Times décrivait Devumi comme «une société américaine obscure… qui a collecté des millions de dollars sur un marché mondial sombre pour la fraude sur les médias sociaux».

Il expliquait en détails comment la société avait utilisé 3,5 millions de robots pour alimenter une activité se résumant à « rendre les gens plus importants qu’ils n’étaient réellement » sur des plateformes telles que Twitter.

Des photos provenant de personnes réelles

Ces faux comptes étaient même souvent accompagnés de noms et d’images de profil provenant de personnes réelles !

Devumi a mis fin à ses activités au milieu de l’année dernière. Certains clients de la société et de ses filiales savaient qu’ils achetaient de faux adeptes, mais beaucoup d’autres ne le savaient pas. Cette intention de tromper est un élément central dans cette décision qui va donc faire jurisprudence.

Le bureau du procureur général a déclaré que les affaires de Devumi constituaient « une tromperie et une usurpation d’identité illégales, ouvrant la voie à de nouvelles actions contre des services similaires ».

Cela crée un précédent intéressant dans le cadre d’une catégorie nouvellement définie de cybercriminalité potentielle. C’est la première fois qu’un organisme chargé de l’application de la loi qualifie l’activité de création de fausse activité de média social comme illégale.

En revanche, à travers cette décision, la justice américaine n’a pas pris position sur le point de savoir si les clients qui achètent les services enfreignent de la même manière la loi.